Soixante jours qui ébranlèrent l’Occident
Dans son avant-propos, M. Benoist-Mechin nous expose le but qu’il a poursuivi en écrivant son livre sur la débâcle française du 10 mai au 10 juillet 1940 :
Savoir comment un tel acte a été possible.
Comment toutes ces choses ont-elles pu arriver ?
Et, pensant que jusqu’à maintenant on n’a pas apporté de réponse satisfaisante à ces questions, il entreprend de le faire.
Pour son exposé, il adopte un plan assez original pour une œuvre historique :
– Après un exorde de 6 courts chapitres pour nous mettre dans le vif de la situation du 9 mai 1940, il passe une revue strictement chronologique des événements du 9 mai au 10 juillet, date de la remise des pouvoirs au maréchal Pétain par l’Assemblée nationale.
À chaque date ces événements sont classés dans le cadre de la situation militaire et de la situation politique. Cet exposé occupe environ les deux tiers des trois volumes de l’ouvrage.
Après cette partie analytique M. Benoist-Mechin fait, comme il se doit, la synthèse de ces événements : « L’histoire prend figure », dit-il.
Mais l’originalité de cette synthèse est qu’elle est double : une première partie, assez courte, montre objectivement les tares d’ensemble de la politique, de l’état militaire, de la conduite de la guerre et des opérations des alliés qui ont conduit la France à la défaite et à ses conséquences politiques.
Une seconde partie, beaucoup plus importante, rapporte cette synthèse aux personnalités politiques et militaires des principaux acteurs : de M. Winston Churchill au maréchal Pétain.
Évidemment cette partie est lourde, chargée de redites puisque ces acteurs, étudiés successivement, ont participé simultanément aux mêmes événements, mais ils leur ont imprimé des caractéristiques personnelles indéniables et de ce fait, contrairement aux livres d’histoire qui font apparaître les faits comme une émanation du destin, M. Benoist-Mechin montre dans ceux-ci la part d’influence humaine, ce qui en outre les colore et les rend plus vivants.
Mais après ces « portraits », dont quelques-uns sont marqués de la meilleure touche, le lecteur s’arrête un peu pris de court et il serait heureux de trouver après eux un « chapeau » qui tirerait de ce magistral exposé une leçon pour l’avenir, dans la mesure – prudente – où l’histoire peut la fournir.
M. Benoist-Mechin préfère laisser le lecteur faire lui-même cette ultime synthèse, qu’à vrai dire son programme ne comporte pas.
Pour son exposé des faits, l’auteur utilise presque exclusivement des documents de seconde main : études historiques et surtout mémoires des contemporains ; lui-même sent bien la valeur très relative de ces matériaux, d’autant plus que la plupart d’entre eux, plaidoyers pro domo, ont été écrits après 1945 quand le coup était joué ; l’auteur a soin, par quelques notes ou remarques discrètes, d’indiquer au lecteur le poids réel de certains de ces témoignages, il faut cependant en arriver aux derniers chapitres des synthèses personnelles pour saisir pleinement les interprétations tendancieuses ou les lacunes volontaires qui risquent de fausser les conclusions.
Il convient maintenant d’examiner rapidement les différentes parties de l’ouvrage.
1° « Le chemin de Sedan » ou si l’on veut le cadre de la défaite.
Les chapitres de cette partie n’exposent pas seulement les événements qui ont précédé le 9 mai ; anticipant sur les conclusions, ils signalent une série de causes militaires de la défaite : la carence des préparations françaises et anglaises en face de la puissance de la constitution et de la mise en œuvre des forces allemandes.
On peut penser qu’il aurait été préférable de ne traiter ce sujet que dans la synthèse finale évitant ainsi de paraître plaider un procès a priori, c’est ce que l’on va faire ici.
Par contre, c’est dans cette partie qu’aurait pu être plus développé, comme il l’est en fait dans la synthèse finale, l’exposé des événements du 1er septembre 1939 au 9 mai 1940, qui donne déjà une mesure de la faiblesse de la préparation et de la conduite de la guerre chez les alliés.
— Drôle de guerre sur le front français, montrant la lenteur de notre mobilisation, ses lacunes matérielles et surtout l’ambiance de mollesse non seulement du gouvernement et du commandement mais de l’opinion publique française tout entière qui ne croyait pas utile de « mourir pour Dantzig ».
— Campagnes de Pologne et de Norvège avec les leçons qu’elles auraient dû comporter sur la souplesse et la rapidité de l’action des forces allemandes.
— Enfin, pour bien montrer le facteur stratégique capital que comportait la défense de la Belgique, un exposé du problème politique de cette défense et des tractations auxquelles il a donné lieu avant le 9 mai 1940, aurait été très utile dans ce chapitre alors qu’il faut aller, in fine, jusqu’au portrait de Léopold III, pour le trouver.
— Un chapitre est à retenir : c’est celui qui traite de l’accord franco-anglais du 28 mars 1940 liant Angleterre et France pour la cessation des hostilités et qui va dominer les relations anglo-françaises dès le 18 mai 1940 jusqu’en 1944.
On peut y relever la légèreté avec laquelle fut conclu cet accord qui, en fait, liait la France à l’Angleterre sans que la réciproque soit vraie puisqu’il laissait aux forces anglaises le droit de se retirer à tout moment de la bataille en franchissant le Pas-de-Calais quand elles estimaient – unilatéralement – leur sécurité compromise.
M. Benoist-Mechin montre que cet accord ne fut même pas mis en bonne forme de traité mais simplement paraphé dans le « communiqué » de clôture du Conseil militaire interallié des 27 et 28 mars sans avoir reçu l’approbation ni du Parlement ni même du Conseil des ministres français. Dans la synthèse finale de l’ouvrage l’auteur voit la cause de ce fait fort regrettable dans de multiples intrigues de personnages plus ou moins officiels au cours des années qui ont précédé la guerre, intrigues qui ont eu comme résultat de faire perdre son indépendance à la politique française.
2° Exposé chronologique des faits. – Il serait fastidieux de reprendre en détail cet exposé déjà maintes fois traité beaucoup plus complètement.
Notons simplement que bien que l’essentiel des faits soit fidèlement donné, il s’y est glissé quelques erreurs de détail sur les dates, les hommes, les forces en jeu, qu’il conviendrait de faire disparaître dans les éditions ultérieures.
Signalons-en seulement deux : la première relative à l’évacuation au-delà des mers de l’encaisse de la Banque de France que l’auteur indique comme ayant été faite vers les États-Unis par un croiseur américain parti de Bordeaux alors qu’elle a été dirigée, par bâtiments français, vers les Antilles et surtout le Sénégal.
La deuxième est une relation très inexacte de l’attaque anglaise sur Dakar le 8 juillet pour y mettre hors de cause le cuirassé Richelieu comme celle de Mers-el-Kébir avait eu pour objet la destruction de l’escadre de l’amiral Gensoul.
Signalons également que l’auteur ne fait pas ressortir que la saisie dans les ports anglais, le 3 juillet au petit jour, des forces françaises qui y étaient réfugiées enlève toute vraisemblance au texte invoqué de mettre notre flotte à l’abri d’une saisie allemande.
3° Première synthèse objective : « Une campagne, trois guerres ».
Une première conclusion que M. Benoist-Mechin fait ressortir est celle de l’impréparation française, mais il est permis de trouver qu’il la fragmente un peu trop en signalant, déjà dans le chapitre IV de la 1re partie, les déficiences pratiques de notre matériel, de son organisation et de son emploi tactique, avant de placer ces déficiences dans leur cadre naturel de la politique et de la stratégie qui, avec les moyens et leur tactique, forme à vrai dire un tout indissoluble.
Il n’aurait pas été sans intérêt de montrer plus clairement comment cette solidarité des quatre bases de la conduite de la guerre a été profondément ignorée des gouvernements successifs et du haut commandement.
Le gouvernement, dit-on, fixe sa politique, en conclut ses buts de guerre et la conduite générale de celle-ci, puis il passe la main au haut commandement qui en déduira son plan d’opérations… C’est là une vue géométrique parfaitement étrangère à la réalité car si l’on doit faire la stratégie de sa politique, on est bien obligé de faire la stratégie de ses moyens. Or ceux-ci ne se créent pas en un jour ; donc, à chaque étape de leur constitution, certaines solutions stratégiques sont viables, d’autres irréalisables et, en définitive, les solutions politiques qui nécessiteraient ces solutions stratégiques irréalisables sont à écarter. Il apparaît donc indispensable d’assurer en permanence une collaboration étroite et confiante entre gouvernement et haut commandement stratégique, ne serait-ce que pour écarter des plans dignes du café du Commerce comme celui de l’affaire de Norvège.
Or, qu’avons-nous vu en France entre 1925 et 1939 : des gouvernements et des parlements qui, tant par sentiment que par déformation électorale, insufflaient à l’armée une mentalité purement défensive, conséquence même de son organisation qui tournait de plus en plus au type milice lentement mobilisable.
Et pourtant, en même temps, ces mêmes gouvernements dispensaient généreusement la garantie de la France à toute l’Europe orientale : Pologne, Petite Entente. Après une première carence en 1938 vis-à-vis de la Tchécoslovaquie, en 1939 la Pologne ! Pourtant il était bien certain que puisque cette garantie ne jouait que si la Pologne était attaquée par l’Allemagne, nous étions obligés, pour y faire honneur, à répliquer dans ce cas par une offensive immédiate qui de surcroît obligerait le Reich à cette guerre sur deux fronts qu’il redoutait par-dessus tout.
Tout au contraire, la Pologne était déjà entièrement détruite le 15 septembre 1939 alors que notre mobilisation n’était même pas achevée et que, de ce fait, il était tout naturel que nous restions l’arme au pied, les moyens d’attaque de la ligne Siegfried n’étant en aucune manière réunis.
Et les gouvernements n’ont pas l’excuse de ne pas avoir été prévenus de cette impuissance puisqu’elle s’était déjà manifestée en 1936 lors de l’occupation de la Rhénanie par Hitler et que, depuis, la valeur relative de nos forces vis-à-vis de celles du Reich n’avait fait – de toute évidence – que diminuer. Pourtant on doit regretter que le haut commandement, particulièrement qualifié pour sentir cette carence, n’ait pas plus énergiquement ouvert les yeux du pouvoir politique.
Mais en outre, sur le plan stratégique pur, nous retrouvons une tare qui ressort de cette même origine de la conception défensive de l’armée que le livre de M. Benoist-Mechin met fort bien en lumière.
Tout en sentant, tout en disant même parfois, que pour vaincre il fallait bien à un moment donné prendre l’offensive, le haut commandement de l’armée de terre, obnubilé par les souvenirs de la guerre de position de 1914-1918, avait pris, dirons-nous, l’horreur du mouvement aussi bien sur le plan stratégique que sur le plan tactique, l’un entraînant l’autre. Sur le plan tactique on enseignait à l’École de Guerre, une sorte de mémento de la bataille prévoyant sur tel terrain, tant d’hommes et tant de tonnes de munitions au mètre courant et de ce fait, sans trop se préoccuper de ce que faisait l’ennemi, on aboutissait à une lourdeur et à une lenteur dans les déploiements encore accusées par l’insuffisance flagrante de la motorisation des armées.
La mise en place de la 9e armée entre le 10 et le 13 mai est un exemple typique de cette lourdeur.
C’est également à cet état d’esprit que ressort l’incompréhension de la valeur de la force vive de puissants groupements blindés et motorisés soutenus au plus près par l’aviation.
C’est ainsi que nos chars, en principe soutiens d’infanterie, n’avaient ni la vitesse ni l’endurance, ni l’armement qui leur étaient nécessaires pour constituer des divisions blindées efficaces.
Enfin, et peut-être surtout, il était en outre absolument nécessaire que l’aviation apporte une coopération étroite aux troupes de terre. M. Benoist-Mechin voit bien quelle force les Allemands ont tiré de la coopération étroite chars et Stukas, mais il ne met peut-être pas suffisamment en lumière que cette coopération n’a pu jouer que parce que la Luftwaffe a su, au lieu et au moment choisis, être maîtresse de l’air, abandonnant – au moins provisoirement – ces objectifs dits « stratégiques » chers aux tenants de la doctrine de Douhet, qu’avec une souplesse remarquable d’ailleurs, elle savait reprendre quand il le fallait et quand la crise du combat terrestre le permettait.
La poursuite simultanée des deux objectifs n’a été possible qu’aux aviations anglo-saxonnes de 1944-1945 disposant d’une supériorité numérique écrasante que l’on ne verra sans doute que rarement. Quant à notre aviation de 1940, mieux vaut n’en pas parler.
L’organisation du commandement. – À propos du portrait du général Gamelin, M. Benoist-Mechin esquisse assez brièvement les défauts qui résultaient pour l’exercice du commandement de l’existence de la trinité : Vincennes [siège de Gamelin], Montry [GQG], La Ferté-sous-Jouarre [GQG du Front Nord-Est]. Tout a été dit là-dessus maintes fois, notons seulement que les défauts inhérents à cette bizarre organisation ont été sans doute amplifiés par la nature des personnalités en cause qui ne collaboraient pas sans réticences et sans une fâcheuse tendance à égarer les responsabilités.
Notons, en outre, que pendant cette période de la guerre la question du commandement unique terre-air-mer ne s’est pas posée, ni le général Gamelin, ni le général Weygand n’en ayant eu les pouvoirs ; en fait, aucun conflit n’est apparu et, à cet échelon supérieur, la collaboration des trois commandants en chef a été satisfaisante.
Mais il est un commandement qui a fort mal fonctionné : c’est le commandement interallié et il semble bien que la responsabilité en incombe au commandement français.
Pourtant il suffisait de connaître l’histoire de la guerre de 1914-1918, après bien d’autres, pour savoir la difficulté de commander une coalition. De plus nous nous trouvions attelés avec les mêmes alliés qu’en 1914-1918 : les Anglais et les Belges et l’on pouvait penser que les réticences des premiers, les susceptibilités des seconds se retrouveraient en 1940 comme en 1918. Or nous nous sommes contentés de la formule qui donnait au général Gamelin la direction des opérations alliées sur terre ; pourtant ce n’était là qu’un stade du problème, seul en cause tant qu’il n’y avait pas d’opérations actives, mais dès que celles-ci s’ouvraient se posait le problème de la coordination directe dans la bataille des trois armées nationales voisines, la belge et l’anglaise, uniques pour chaque Nation, avec une ou plusieurs autres armées, celles-là françaises ; en un mot dès le 10 mai il existait un groupe d’armées alliées du Nord auxquelles il fallait bien un chef direct qui ne pouvait évidemment pas être le général Gamelin, alors celui-ci délégua son autorité au général Georges, lequel la délégua à son tour au général Billotte, commandant déjà le 1er groupe d’armées françaises, mais personne n’a l’air de se douter que, si cela est mis sur le papier, le roi Léopold et Lord Gort vont trouver cette cascade peu à leur goût et que, moralement au moins, ce dernier se sentira d’autant moins lié au général Billotte que celui-ci, tiré vers sa droite par sa 9e armée, ne se consacre pas exclusivement à sa tâche capitale de chef interallié, et enfin quand il disparaîtra dans un accident d’auto, son successeur, le général Blanchard, n’aura aucune autorité morale sur nos alliés et son autorité matérielle restera fictive. Et ce sera la débandade.
Pour redresser cette situation dramatique le seul voyage du général Weygand dans le Nord, le 22 mai, ne suffisait pas ; le général Gort s’étant déjà retourné vers son gouvernement pour faire approuver le retrait de l’armée anglaise – ce qu’il cacha au commandement français – la question devenait une affaire de gouvernement que ne prévoyait pas l’accord du 28 mars 1940. Il n’était plus temps de la traiter « à chaud » non plus que celle du commandement local de Dunkerque pour régler les rembarquements ; en choisissant ad hominem l’amiral Abrial pour ce commandement, il était hors du pouvoir du général Weygand et sans doute de quiconque, de lui donner une autorité interalliée qui aurait dû s’étendre à l’intervention de l’aviation de chasse anglaise pour protéger les transports.
M. Benoist-Mechin ne paraît pas avoir signalé assez explicitement l’énorme lacune psychologique qui a existé de ce fait dans la conduite des opérations dans le Nord et qui résulte au premier chef de l’absence de tout accord formel dans la convention du 28 mars 1940 sur les buts de guerre communs des alliés et leur participation aux opérations militaires.
C’est à cette date du 28 mars, et non le 16 juin, que la solidarité franco-anglaise aurait dû être définie complètement, noir sur blanc. Et c’est peut-être là la plus grande faute parmi bien d’autres qu’ont commises les gouvernements français après l’ouverture des hostilités de 1939.
4° Deuxième synthèse : les Portraits. – Cette partie de l’ouvrage peut être considérée comme une pierre de touche de son objectivité qui risquait fort de se briser au contact des personnalités. Il faut féliciter l’auteur d’avoir, dans l’ensemble, traité ces portraits avec une liberté de jugement très méritoire : tous sont très nuancés.
Évidemment, certains mensonges et palinodies de politiciens sont mis à nu, mais M. Benoist-Mechin a su montrer que les hommes qu’il a dépeints étaient au fond des patriotes sincères, chacun avec ses défauts de jugement et de caractère ; mais l’épreuve était trop dure pour que le « sic vos non vobis » [Ainsi, mais non pour vous] ne devienne pas la forme de l’égoïsme sacré sur lequel, chez certains, l’égoïsme personnel est venu se greffer.
* * *
Et le livre s’arrête net sur le dernier portrait, celui du maréchal Pétain.
Il est certain que le lecteur est armé à ce moment pour répondre à la question de l’auteur :
« Comment un tel acte a-t-il été possible ? »
L’est-il pour répondre à une transposition à notre époque de cette même question ?
« Que faire pour qu’un tel acte ne soit plus possible ? »
Il est bien difficile de le dire ; M. Benoist-Mehcin n’a pas voulu le faire :
C’est que l’expérience militaire de 1940 est largement périmée par suite de l’étonnante évolution qui s’est produite dans la science et qui se poursuit dans les armes.
L’expérience politique tient-elle davantage debout ? Alors que l’on voit, d’une part, s’exaspérer le nationalisme de pays peu développés (dans le sens de notre civilisation) et d’autre part les vieux pays blancs chercher à se sentir les coudes, aujourd’hui pour opposer entre eux deux idéologies contraires, demain peut-être pour lutter ensemble contre une marée barbare afro-asiatique.
Peut-on, dans ces conditions, parler d’une politique purement nationale au moment où nous paraissons de plus en plus solidaires des intérêts communs de notre groupe de Nations ?
Une seule chose subsiste en 1940 : c’est la nature humaine, et de cette époque retenons qu’une des causes sinon directe du moins profonde de notre revers est l’absence de ressort et de conviction du Français moyen à qui des lunettes de myope ne faisaient voir que son intérêt immédiat le plus étroit.
Il doit aujourd’hui réagir d’autant plus énergiquement contre cette mollesse qu’il a affaire plus que jamais à des fanatismes allant jusqu’à la sauvagerie.
Et cela non seulement pour le triomphe d’une idéologie toujours discutable mais qui lui semble juste, mais aussi pour les avantages matériels qu’il tire d’une civilisation de plus en plus poussée mais de plus en plus fragile et qui envahit de plus en plus sa vie.
Enfin, le dernier apprenti sorcier capable de mettre le feu aux poudres n’est pas encore mort. ♦