Des Dieux, des tombeaux, des savants
Voici donc l’histoire des grandes découvertes archéologiques.
« Ce livre n’a aucune ambition scientifique. Son but est bien plutôt de mettre en lumière le caractère passionnant, dramatique et profondément humain de certaines recherches scientifiques. Le savant considérera donc ce livre comme un ouvrage de “vulgarisation”. C’est en effet exactement mon propos. Il m’a paru que cette science si riche, dont les adeptes furent à la fois des aventuriers et des hommes d’étude, des romantiques enthousiastes et des intellectuels réfléchis, cette science qui parcourt à la fois le temps et l’espace, avait été enterrée sous les publications spécialisées. Quelle que fût la valeur de ces publications, elles n’étaient pas écrites pour être “lues”. L’étrange même, c’est que l’on ait aussi rarement essayé jusqu’à présent de rassembler en un récit vivant l’histoire de ces incursions dans le passé ; c’est d’autant plus singulier qu’il n’y a guère d’aventure plus passionnante que celle-là pour autant que l’on considère l’aventure comme un mélange de réflexion et d’action. »
Pour rendre plus vivante sa présentation, l’auteur lie chaque grande phase à un symbole et ce sont : « le Livre des statues » de l’Antiquité classique, « le Livre des Pyramides » des Égyptiens, « le Livre des Tours » de la civilisation assyro-babylonienne, « le Livre des Escaliers » des Empires Toltèques, Aztèques et Mayas.
Passionnante est, en effet, cette histoire, du moins, contée par Ceram. Des romans purement imaginaires ne concevraient pas mieux ces complexes déroulements d’aventures, coupés de coups de théâtre, arrêtés par des « suspenses » et animés par des personnages grandioses, sortis mystérieusement du temps. D’autre part, de hautes figures d’archéologues et de chercheurs s’imposent à l’admiration par les manifestations de leur science et l’expression de leur foi, de leur courage, de leurs qualités humaines exceptionnelles.
Une anecdote peut être citée pour donner le ton de l’ouvrage. Après les fouilles de Ninive et de Babylone, on a l’impression que l’on est remonté à l’origine des civilisations mésopotamiennes. Cependant, des savants sont penchés sur les textes cunéiformes. Appliquant à leur étude cette science, hautement spéculative, qu’est la philologie comparée, ils arrivent à la conclusion que les Assyro-Babyloniens ne devaient pas être les inventeurs de cette écriture. Elle ne pouvait avoir été créée que par un autre peuple, antérieur et de race différente. On donne même un nom à ce peuple : les Sumériens. Or, quelque temps après, un archéologue français, de Sarzec, découvre dans la colline de Tello, près de Nippour, une statue et des inscriptions d’un genre inconnu : c’étaient les premières traces des Sumériens. Les fouilles suivantes, effectuées par l’Anglais Wooley à Ur, en Chaldée, permettent de remonter plus loin dans le temps : des lumières sont jetées sur un des premiers rois de ce peuple, Sargon 1er (2684-2630). Bien mieux, poursuivant ses recherches, Wooley trouve dans le cimetière royal d’Ur, la certitude qu’il existait un roi au quatrième millénaire avant Jésus-Christ et prouve, avec des traces matérielles, la réalité du Déluge… Les Sumériens étaient au rendez-vous de la philologie ! ♦