Les racines du ciel
Ce roman a obtenu le prix Goncourt 1956. Il a par conséquent été l’objet de multiples présentations, critiques, louanges, etc. On connaît le thème : un Français, Morel, est parti en guerre, en Afrique équatoriale française (AEF), contre les tueurs d’éléphants. À son aventure se lie, en dehors de sa volonté, un mouvement nationaliste local. Très rapidement on ne sait plus si les « éléphants » sont l’objet même de sa croisade ou s’ils sont un symbole complexe : celui de la liberté, de la beauté de la vie, de la nature, du droit des peuples, etc. L’auteur dit d’ailleurs : « Je crois à la liberté individuelle, à la tolérance et aux droits de l’homme. Il se peut qu’il s’agisse, là aussi, d’éléphants démodés et anachroniques… » Il n’oublie pas qu’il a « répondu jadis à un appel célèbre contre l’abdication et le désespoir » et il pense que de Gaulle défendait peut-être, lui aussi, « des éléphants ».
Sur ce livre règne un souffle généreux et lyrique. Littérairement il regorge de sève. L’aventure est constituée des récits successifs de plusieurs témoins et protagonistes. Des personnages, fortement marqués, souvent tracés en haut-relief, imposent leurs personnalités. Le drame se développe, coupé d’événements surprenants et paraissant s’acheminer fatalement, irrésistiblement, vers la faillite de l’entreprise. Mais le rêve du héros est trop beau pour que ne naissent pas des sympathies, des complicités. « Il ne peut rien lui arriver ! » dit un reporter américain à un témoin, au moment où Morel disparaît, une dernière, fois, dans la sécurité de la forêt. ♦