La visite spectaculaire du président syrien Hafez el Assad à Bagdad du 24 au 26 octobre 1978, l'adoption d'une « charte nationale d'action commune » et la création d'une instance politique supérieure aux deux pays scellent la réconciliation de la Syrie et de l'Irak et leur détermination d'opposer à Israël un « Front de la fermeté ». L'auteur souligne l'importance de ce rapprochement entre les deux capitales du Baas après une dizaine d'années de brouille et de rivalités. Ainsi les Accords de Camp David auront-ils eu pour résultat paradoxal de faire accomplir un pas important à l'unité du monde arabe.
Irak-Syrie : divergences et réconciliation
« Le chemin de Bagdad à Damas est le plus court, certes,
sur la voie de l’unité ; mais c’est aussi le plus périlleux ».
(Ath Thaoura, Damas, 27 octobre 1978)
La Syrie s’ouvre sur la Méditerranée et l’Europe, l’Iraq sur le Golfe et l’Asie. Mais le vaste bassin de l’Euphrate, et une steppe parfaitement viable, les relient. Pays opposés, pays complémentaires, ou tout simplement un seul pays ? La nature n’a rien imposé ; en dehors de toute fatalité, c’était aux hommes à choisir. Faut-il s’étonner que ces choix aient été changeants ?
Damas, peut-être la plus vieille ville du monde, et Bagdad, substituée relativement tard à l’antique Babylone, furent, comme mainte capitale arabe, des ports du désert. Leur site, à la lisière des terres cultivables, permettait de régenter, à la fois, nomades et sédentaires. À l’une et à l’autre de ces cités l’Islam donna grand éclat, mais dans la succession des califats rivaux : pour un siècle Damas fut le siège des Omeyyades, puis Bagdad la supplanta, pour cinq siècles, avec les Abbassides. La divergence avait trouvé son symbole durable.
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