Manœuvre et victoire de la Marne
En préface de son livre, M. le général Gamelin donne en raccourci un véritable cours de stratégie, puis il narre l’histoire vécue auprès du grand chef qu’était ce maréchal Joffre du début des hostilités de 1914 jusqu’à la victoire de la Marne. La possibilité de connaître, après la guerre, les ordres de l’ennemi ont permis à l’auteur de donner à son ouvrage un puissant intérêt.
Du côté français, M. le général Gamelin expose dans un style très clair les décisions, l’exécution et les réactions du point de vue Grand quartier général (GQG). On y suit l’évolution de la pensée et de la manœuvre qui en résulte et cet enchaînement vu par un des officiers les plus intelligents de l’Armée française élève un véritable monument à la gloire du maréchal Joffre. Certes le qualificatif de « napoléonienne » que l’auteur applique à la manœuvre en retraite de l’Armée française pour obtenir la masse de manœuvre à notre aile gauche est peut-être osé dans son exploitation, toutefois, personne ne peut mettre en doute que la victoire de la Marne a sauvé la France à une heure fort périlleuse de son histoire et, dès lors, notre reconnaissance ne peut être marchandée au maréchal Joffre.
Toutefois, dans son exposé si intéressant qu’il soit, M. le général Gamelin redevenant commandant donne sur certains grands chefs du moment des appréciations qui peuvent paraître légères. C’est un peu le défaut des « équipes » même les mieux constituées de critiquer les autres « chapelles ». Mais ce qu’il faut reconnaître et admirer dans l’esprit du maréchal Joffre, c’est, indépendamment de l’intelligence du « métier », la valeur morale, le « caractère » qui s’exprime parfois par un « non » absolu et c’est cela qui caractérise le grand chef. ♦