1979 sera l'année de l'Assemblée européenne mais aussi celle du 30e anniversaire du Traité de l'Atlantique Nord qui devait donner naissance à l'Alliance puis à l'Otan. Ces deux événements évoquent des problèmes qu'on ne peut disjoindre. Les Européens, en effet, qui se plaignent souvent du rôle majeur que jouent les États-Unis dans l'Alliance, n'ont pas fait les efforts – exception faite de la France – qui leur eussent permis de se dégager de cette tutelle. Ils ne se sont pas organisés politiquement pour mettre en face des États-Unis un « partenaire », un « pilier » européen sur lequel puisse se fonder une défense européenne dans un cadre atlantique qui demeure pourtant nécessaire.
4 avril 1949… Il y a trente ans… le Traité de Washington
Le 4 avril 1949 – il y a trente ans – les ministres des Affaires étrangères de douze pays (1) signaient à Washington le traité de l’Atlantique-Nord, qui créait l’Alliance atlantique et prévoyait la mise en place des organismes nécessaires à son fonctionnement, lesquels, après plusieurs étapes, notamment la conférence de Lisbonne de février 1952, constituèrent l’OTAN. Cette Alliance s’élargit en 1952 avec l’adhésion de la Grèce et de la Turquie, puis en 1954 avec celle de la République fédérale d’Allemagne. Elle existe encore, aucun des États membres ne met en question ni sa légitimité ni sa nécessité. Mais son fonctionnement, et plus particulièrement l’OTAN, ont été l’objet de controverses qui mirent en cause des notions aussi fondamentales que celles d’intégration militaire, de pouvoir de décision en matière nucléaire, de souveraineté nationale en fin de compte. Ces controverses furent, pour l’essentiel, le résultat des changements qui ont affecté d’une part les relations internationales, d’autre part les armements. Aussi bien une réflexion sur ce traité de Washington à l’occasion de son trentième anniversaire conduit-elle surtout à envisager les changements qui, durant un tiers de siècle, ont affecté l’Alliance « de l’extérieur » et « de l’intérieur ».
L’Union soviétique ne pouvait pas ne pas tenir compte de ce que représentait l’engagement des États-Unis aux côtés de l’Europe occidentale dans l’Alliance atlantique. Elle ne tarda donc pas à modifier certains de ses comportements en fonction de la signification du traité de Washington. Le traité de Bruxelles du 17 mars 1948 ne l’avait pas incitée à alléger sa pression sur l’Europe occidentale parce que, même unies au sein de l’« Organisation de défense de l’Union occidentale », les forces des cinq États signataires de ce traité ne représentaient pas un potentiel suffisant face à la puissance de l’Armée rouge, demeurée sur pied de guerre depuis 1945, et ne pouvaient donc exercer aucun effet dissuasif (2). Deux mois après la signature de ce traité, elle imposa le blocus à Berlin. Un an plus tard, elle comprit que la sécurité collective définie par l’article 5 du traité de Washington créait une situation nouvelle. En juin 1949 elle mit un terme au blocus de Berlin et elle atténua sa pression dans les Balkans. Un an et trois mois plus tard, elle porta la guerre en Extrême-Orient, c’est-à-dire hors de la zone géographique « couverte » par le traité de Washington : la guerre de Corée éclata le 25 juin 1950 (3). Dans le même temps, grâce au plan Marshall, l’Europe occidentale s’engageait sur la voie du relèvement économique et, par le plan Schuman du 10 mai 1950, préparait une intégration économique à perspectives politiques. Dans le même temps encore, l’Union soviétique accélérait ses efforts nucléaires, et réussissait sa première explosion expérimentale le 29 août 1949.
Très tôt, donc, l’Alliance atlantique se trouva placée devant des problèmes nouveaux, à certains égards très différents de ceux en fonction desquels elle avait été bâtie :
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