La Russie après Staline
L’auteur n’est pas un intellectuel de cabinet et il n’a pas été un communiste de salon. Après avoir quitté le Parti et la Russie, il s’est classé à Londres parmi les chroniqueurs de l’Economist et de l’Observer et il a d’abord publié en anglais ce livre dont il nous donne la traduction.
Il le divise en deux parties : le bilan d’une ère – l’ère stalinienne – et ensuite les perspectives qui s’ouvrent dans la période actuelle, aussi bien en politique étrangère qu’en politique intérieure.
Aucune polémique, aucune confession. Libre à nous de penser que l’objectivité d’Isaac Deutscher n’est qu’apparente et qu’il a été marqué par son appartenance à ce Parti « qui n’est pas comme les autres ». Seul un ancien communiste était capable de saisir par le dedans certains traits de mœurs de la société humaine qui grandit derrière le Rideau de fer.
Dans cette œuvre dense et cohérente, il serait arbitraire d’extraire un chapitre plutôt qu’un autre. Mais l’un des plus significatifs est intitulé : « Marxisme et Magie primitive ». Là surgit, avec un relief puissant, la Russie qui passait du Léninisme an Stalinisme, et l’essor d’un monde rural semi-asiatique.
Isaac Deutscher met l’accent sur la profonde différence qui sépare la culture des révolutionnaires nourris au contact de l’Occident et le tréfonds tribal d’un chef comme Staline qui personnifie le totem de la Révolution. Combinaison de Marxisme et de Magie, résultat de l’incidence d’une révolution marxiste sur une société semi-asiatique et de l’empreinte déposée par cette société sur la révolution marxiste.
Et maintenant ! Et demain !
Isaac Deutscher n’épargne pas les points d’interrogation sur le très proche avenir : Rechute dans le Stalinisme ! Dictature militaire ! « Régénération démocratique ! »
Mais, quelle que soit l’évolution future, le lien entre le communisme mondial et la Russie n’est pas prêt de se rompre. ♦