Les cahiers du Bolchevisme pendant la campagne 1939-1940
A. Rossi nous présente le seul numéro des « Cahiers du Bolchevisme » paru pendant la « drôle de guerre ». Ce fascicule, dont la Bibliothèque nationale de Paris ne possède qu’une reproduction photostatique, n’est mentionné nulle part dans la presse communiste d’après 1941. Celle-ci a des raisons, que l’auteur analyse et commente. Elles s’inspirent d’une politique soviétique réaliste qui poursuit imperturbablement, parmi ses reniements, ses volte-face et son mépris des accords, les buts assignés par Lénine : subversion mondiale et absorption idéologique des Nations préalablement désagrégées, politiquement et socialement, par une propagande doctrinale souple et libre de scrupules.
Un avant-propos de 22 chapitres bien enchaînés énumère la succession des faits qui jalonnent le comportement soviétique entre Rappalo et juin 1941. Les Cahiers du Bolchevisme, parus en janvier 1940, marquent un moment de la politique du Kremlin : il fallait alors redresser le parti désorienté par le pacte germano-soviétique d’août 1940, et définir la nouvelle position à prendre à l’égard de la guerre « impérialiste » menée par les alliés contre l’Allemagne. Le revirement était de taille. Il n’était pas le premier : dès 1922, et jusqu’en 1933, la Russie n’avait-elle pas ouvert à la Reichswehr des facilités de réarmement dont elle était momentanément privée en Allemagne ? En 1941, nouveau et impérieux retournement. Devant la périlleuse offensive décrétée par Hitler contre la Russie, le Kremlin conviait toutes les forces communistes de l’Occident, à se lever, et à déployer leurs emblèmes nationaux pour la Résistance à outrance contre l’Allemagne. La guerre, hier encore produit direct du régime capitaliste, devenait lutte sacrée.
La volonté de puissance stalinienne poursuit ses seules fins par des voies enchevêtrées qui lui sont propres. Ces fins postulent une hégémonie mondiale. Elles semblent exclure le dialogue, sinon entre deux groupements équivalents en puissance et en résolution. Conclusion déjà entendue qui place le monde actuel devant un dilemme tragique. Cet ouvrage, sobre, sans prétention littéraire, mais nourri de faits logiquement classés et fortement étayés, constitue un document plein d’intérêt. Il mériterait une large diffusion. ♦