M. Georges Bonnet, ambassadeur de France, ancien ministre des Affaires étrangères (1938-1940), a publié, sous ce titre, deux volumes extrêmement importants de 328 et 430 pages. On sait que son activité politique prit fin en mars 1940 mais qu’elle avait été très variée et riche, puisque l’auteur avait été chargé d’une importante mission diplomatique à Washington et que, dans différents ministères de gauche, il avait occupé des postes essentiels de ministre des Finances (1937-1938) et, à la veille même de la guerre, de ministre des Affaires étrangères. Dans le premier, il assista à la crise monétaire de 1937 ; durant la crise européenne d’avril à octobre 1938, il assista au Quai d’Orsay à des événements d’où devait sortir la crise mondiale. C’est à lui que revint la tragique mission de présider à la diplomatie française dans la période précédant immédiatement la guerre.

Le livre est écrit sans passion politique, tout au moins apparente. Il contient une mine de renseignements dont beaucoup sont inédits, car l’auteur avait réussi à emporter, au moment de l’invasion allemande, une quantité considérable de papiers officiels abrités à l’embouchure de la Gironde dans sa vieille maison de famille, et soigneusement cachés, malgré les pillages ennemis. Ils purent être sauvés pour la plupart et M. Georges Bonnet les a utilisés pour son récit. Il a donc, comme collaborateurs, la plupart des ambassadeurs qui furent sous ses ordres de ministre. Il a largement puisé dans leurs rapports, mémoires et ouvrages. Il a aussi utilisé ses impressions directes et les souvenirs qu’il garde de ses efforts déployés en commun avec ses collègues étrangers. C’est donc, quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur les thèses soutenues par l’auteur, un livre indispensable à la connaissance des grands courants diplomatiques et des événements d’une intensité tragique inégalée, qui se sont déroulés tandis qu’il était au Quai d’Orsay. ♦