M. Édouard Herriot, de l’Académie française, poursuit le récit de sa longue carrière et nous donne, dans le second tome de son Jadis, les impressions et souvenirs qu’il a eu la bonne idée de ne point laisser perdre pour la période qui s’étend de 1914 à 1930 et qu’il intitule : D’une guerre à l’autre. Nous y voyons, décrits par le menu, tous les événements auxquels il a été personnellement mêlé, soit comme chef du gouvernement, soit comme parlementaire, soit, encore, comme maire de Lyon. C’est même, semble-t-il, l’œuvre qui lui tient le plus à cœur que celle de chef, véritablement permanent, de cette grande cité.

Quant aux chapitres consacrés à la politique générale, on y trouve exposés sans passion, mais non sans habileté, des détails abondants, infiniment précieux, sur des points essentiels de l’histoire, par exemple sur la collaboration Herriot-Macdonald, sur les problèmes militaires qui se posèrent avec une acuité si tragique sous le ministère Flandin, enfin les répercussions qu’eut sur notre politique intérieure et extérieure, la guerre italo-éthiopienne. Ces souvenirs s’arrêtent au moment où se forme le ministère Sarrault en 1936, et où l’auteur est élu président de la Chambre le 4 juin de la même année. C’est donc comme un prélude à la crise mondiale de 1939 que déroule sous nos yeux, avec une magistrale lucidité, l’auteur de tant d’œuvres littéraires de haut mérite, qui, en même temps qu’une des personnalités les plus marquantes de la III^e et de la IV^e République, restera un maître de l’art du bien-penser et du bien-dire. ♦