Generals and Admirals
Les opérations amphibies, qui mettent en action des forces navales et des éléments de l’armée de terre (et, désormais, des forces de l’Armée de l’Air), exigent-elles un commandement unique, auquel sont subordonnés les chefs des diverses armes ? ou peuvent-elles admettre un « joint command », les décisions résultant de l’accord de ces chefs ?
En dépit des résultats fâcheux que ce dernier système avait parfois obtenus, il a été longtemps considéré en Angleterre comme le meilleur et même le seul possible, l’origine et la formation particulière des généraux et des amiraux ne préparant les uns et les autres qu’à connaître les caractéristiques, les exigences et la tactique de leur arme propre. C’est seulement en ces dernières années que la question d’un commandement unique s’y est nettement posée, et, aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui lui préfèrent, en règle générale, le « joint command ».
Il a donc paru utile d’examiner, à la lumière du passé, les avantages et les inconvénients des deux systèmes. C’est ce que fait, dans ce livre, un excellent spécialiste de l’histoire navale, en étudiant sous cet aspect (quoique sans négliger les considérations tactiques et stratégiques) quelques épisodes choisis dans les quatre derniers siècles de l’histoire britannique, depuis l’attaque de Cadix en 1596 par Howard et Essex, jusqu’aux guerres des XVIIe et XVIIIe siècles, à l’expédition des Dardanelles et aux événements de la Seconde Guerre mondiale, Narvick, débarquement de Normandie, opérations dans le Pacifique.
Après avoir clairement exposé ces événements, et indiqué, pour chacun d’eux, l’influence qu’a eue le système de commandement adopte, il montre comment et pour quelles raisons spéciales le commandement unique du général Eisenhower s’est imposé en 1942. Il ne conclut pas, cependant, au triomphe définitif et absolu de ce qu’on peut appeler la tendance américaine sur le système traditionnel britannique. Le choix du mode de commandement lui paraît être une question de circonstances, et d’hommes. Nul doute que cette étude, consciencieuse et solidement documentée, ne fournisse une riche matière de discussion aux chefs et aux états-majors chargés de préparer l’organisation militaire du monde occidental. ♦