L’Amiral Canaris, notre allié secret
L’atmosphère de légende qui s’est créée autour de l’ancien chef de l’Abwehr, exécuté par le régime hitlérien le 9 avril 1944, hante de nombreux esprits, et non seulement ceux qui sont épris de roman. Quelques auteurs en quête d’Histoire refusent de s’arrêter à une énigme appareille. Ils tentent de restituer les traits véritables de l’amiral Canaris, et d’établir ce que fut en réalité son rôle dans le déroulement du drame hitlérien. Après le vivant portrait, tracé par le Dr Abshagen dans son livre Canaris, M. Colvin, écrivain britannique, nous donne la version française d’un ouvrage sur le même objet, qu’il intitule Canaris, notre allié secret. Le titre, nous met au cœur du sujet.
Canaris a-t-il, oui ou non, renseigné sciemment les Alliés sur les desseins hitlériens ? A-t-il, dans ce but, noué avec îles services étrangers des relations répréhensibles, infamantes ? Bref, Canaris fut-il traître à son pays ?
M. Colvin a voulu serrer de près la question, espérant lui donner une réponse pertinente, sinon définitive, Pour ce faire, il a, des années durant, cheminé sur les traces de l’amiral défunt, interrogé les survivants, confronté les dires, exhumé des témoignages inédits. Il a fait parler amis et ennemis, il en rapporte fidèlement les propos, notons, c’est important, que son enquête a procédé à l’origine, des rumeurs de source britannique laissant soupçonner une collusion entre Canaris et les services anglais. Au terme de ses laborieuses recherches, les conclusions de l’auteur sont réservées, sinon décevantes.
L’enseignement, le plus clair de cette enquête pourtant objective et sérieuse, c’est qu’en pareille matière la preuve est rarement faite, et que le comportement des services spéciaux ne s’inscrit pas facilement dans les exigences de l’Histoire. Le lecteur y apprendra que le chef d’un important organe secret peut bien rejeter et contrecarrer une politique que sa conscience et son patriotisme réprouvent. Il arrivera bien à un Canaris de favoriser dans ce but les facteurs extérieurs qui concourent à l’échec des plans hitlériens. Et en ce sens, il sera l’allié de l’adversaire, mais ne cherchons pas plus loin : les serviteurs nés de l’Allemagne ne l’ont jamais trahie. ♦