Mai 1953 - n° 103

120 pages

C’est une affirmation commune que les accords de Yalta ont partagé l’Europe en deux zones dévolues, l’une à l’influence soviétique, l’autre aux influences occidentales. M. Camil Bing, dans son récit romancé de la grandeur et de la décadence d’Anna Pauker, se fait l’écho de cette tradition : « Vous savez tous que, conformément aux accords de Yalta — que notre père génial s’est employé à si bien conclure — la Roumanie comme la Hongrie, la Bulgarie et la Pologne, sans compter la Yougoslavie où se trouve notre cher Tito, entrent dans la sphère d’influence soviétique. La concession que Staline a dû faire en échange fut de s’engager à tolérer l’installation de Gouvernements d’union nationale dans tous ces pays. Mais à présent, c’est à nous qu’il appartient d’agir, de manière à vider de toute substance aussi bien cette clause que toutes les autres. » Un peu plus loin, M. Bing écrit : « Les clauses secrètes des accords de Téhéran et de Yalta donnent aux Soviétiques la priorité dans les affaires intérieures roumaines. » Lire les premières lignes

  p. 531-543

Bien que l’Alliance atlantique ait été officialisée dans les Traités, celle-ci doit encore se faire non seulement militairement, mais surtout mentalement. Or les Européens, mus par leur neutralisme, ne semblent pas avoir compris la nécessité de s’appuyer sur les États-Unis en attendant d’être plus forts ; tandis que les États-Unis, aveuglés par leur orgueil, n’ont pas pris conscience de leur besoin d’une Europe soudée. Les divers conflits d’intérêt opposant les nations occidentales doivent cependant être surmontés afin que puisse se dégager une véritable doctrine atlantiste, gage de l’efficacité de l’Alliance. Lire les premières lignes

  p. 544-554

En 1947, le sub-continent de l’Inde fut partagé en deux états souverains : l’Union Indienne, le Pakistan. Nous allons garder pour la première, le nom, riche de gloire et de mystère, de l’Inde. Deuxième puissance du globe quant à sa population, la plus ancienne des civilisations religieuses, réserve spirituelle de l’Asie pour cinq millénaires, l’on peut lui appliquer le mot d’Isocrate sur la Grèce : non pas une race, une culture ! Lire les premières lignes

  p. 555-568
  p. 569-583

Le problème du développement de la production agricole en France n'est pas seulement social et économique ; il est aussi un problème de Défense nationale. L'étude de l'auteur met les lecteurs de notre Revue au courant des importants problèmes que posent pour notre production agricole les projets et discussions actuels.

  p. 584-595

Élu membre du Directoire le 25 octobre 1795, Lazare Carnot avait repris naturellement la conduite des affaires militaires. Un de ses premiers soins fut de remplacer à la tête de l’armée d’Italie le vieux et incapable Schérer par Bonaparte, comblant ainsi les vœux de ce dernier. Rongeant son frein et piaffant d’impatience, le jeune général se flattait de balayer les Autrichiens en six semaines. Lire les premières lignes

  p. 596-604
  p. 605-610

Dans la Revue de Défense nationale de janvier 1953, M. E.-J. Debau a critiqué de façon fort intéressante la thèse que j’avais défendue dans le numéro de mai 1952, à savoir que l’armistice de juin 1940 n’était pas justifié et qu’on aurait pu continuer la lutte en Afrique du Nord. Au fond, ce qui nous oppose, mon honorable contradicteur et moi, c’est la possibilité ou non qu’auraient eue nos ennemis de l’Axe de faire fonctionner à l’encontre de l’Afrique du Nord la fameuse « pince », branche de droite par l’Espagne, brandie de gauche par l’Italie. M. Debau dit « oui », et moi j’ai dit « non ». Lire la suite

  p. 611-613

Chroniques

Le 5 mars 1953, s’est tenue à Fontainebleau une réunion importante consacrée aux problèmes aériens de la défense occidentale. En présence du général Ridgway, commandant suprême et de son adjoint « Air », l’Air Chief Marshal Saunders, le général Norstad, commandant en chef des Forces [NDLR 2025 : aériennes] alliées Centre-Europe dégagea les conclusions et les leçons des manœuvres combinées de 1952. La conférence se poursuivit à huis clos entre les chefs d’état-major des six puissances Centre-Europe pour établir le programme des manœuvres de 1953 et envisager le développement des forces aériennes tactiques 2 et 4, qui doivent atteindre cette année 4 000 avions ultramodernes, répartis sur 120 aérodromes. Lire les premières lignes

  p. 614-617
  p. 617-621

Nous avions signalé l’engagement qui avait eu lieu, au-dessus de la partie nord du Japon, entre avions soviétiques et chasseurs américains du type F-84 Thunderjet. D’autres rencontres ont eu lieu depuis, au-dessus du Pacifique, où les espaces aériens américain et soviétique se touchent. Mais les résultats enregistrés dans ces régions – considérées quelquefois comme lointaines par les Européens – n’ont pas eu le retentissement qu’ont entraîné d’autres engagements qui se sont produits en Europe occidentale au moment où la mort de Staline a été annoncée. Ces derniers ont été assez sérieux puisqu’ils ont entraîné des pertes en appareils et en vies humaines. Lire les premières lignes

  p. 621-626
  p. 626-630

Oran, Mers-el-Kébir et Arzew ont été, ce mois-ci, les hôtes de M. René Pleven, ministre de la Défense nationale, accompagné de M. Pierre de Chevigné, secrétaire d’État à la Guerre et Jacques Gavini, secrétaire d’État à la Marine. Arrivé le 4 mars 1953, le ministre de la Défense a séjourné en Afrique du Nord jusqu’au 10 mars, il a inspecté successivement la base d’Oran, le centre interarmes des opérations amphibies d’Arzew, la base navale de Mers-el-Kébir, la base aéronavale de Lartigue, la Légion étrangère à Sidi-Bel-Abbès et le centre du Guir près de Colomb-Béchar (centre d’essais des engins téléguidés). Lire les premières lignes

  p. 631-634

Le 24 mars 1953, le Comité intérimaire de la Communauté européenne de Défense (CED) s’est mis d’accord sur les protocoles français qui, on s’en souvient, lui avaient été renvoyés par le Conseil des six ministres, lors de leur réunion de Rome à la fin de février. Il aura ainsi suffi d’un mois aux experts pour triompher des difficultés auxquelles s’étaient heurté les ministres. Lire les premières lignes

  p. 634-637

Pour la deuxième fois depuis le début de l’année, le Gouvernement a dû avoir recours à de nouvelles avances de la Banque de France. Le 22 janvier 1953 (cf. notre chronique du numéro de mars), le plafond des avances « provisoires » avait été porté de 175 à 200 milliards, tandis que la Banque souscrivait 25 Mds de Bons du Trésor, remboursables par moitié les 22 avril et 22 mai 1953. Le 24 mars, le Gouvernement a obtenu du Parlement le vote d’une loi approuvant une nouvelle avance, de 80 Mds cette fois, remboursable le 31 mai 1953. Cette succession de recours à l’Institut d’émission, survenant après une période de quatre ans pendant laquelle le plafond des avances était resté fixé à 175 Mds, n’a pas manqué d’inquiéter l’opinion. Elle prouve évidemment que l’État, suivant la formule courante, « vit au-dessus de ses moyens ». Toutefois, il en est ainsi depuis des années ; d’où vient donc l’état de crise actuel ? Si curieux que cela puisse paraître, il résulte, aux dires du Gouvernement, de ce que le budget a été, cette année, voté avec moins de retard que les années précédentes. Ainsi, l’utilisation des crédits du Fonds de modernisation et d’équipement par les exploitations nationalisées (et par les collectivités publiques secondaires) a été accélérée, mettant la Trésorerie en difficulté dans une période où ses ressources sont ordinairement assez basses. Lire les premières lignes

  p. 638-641

Bibliographie

Henri Denis : La crise de la pensée économique  ; Puf, 1951 ; 126 pages - P. C.

Parmi les nombreux auteurs soutenant que la pensée économique moderne est en crise, Henri Denis occupe une position bien précise : pour lui l’état de crise vient de ce que la majorité des économistes ont refusé la leçon de Marx et s’obstinent à proclamer l’excellence du système capitaliste, ou s’épuisent dans la recherche des moyens de l’améliorer, alors qu’il est irrémédiablement condamné, ainsi que chacun devrait le savoir depuis 1948. Lire la suite

  p. 642-642

Ian Colvin : L’Amiral Canaris, notre allié secret  ; (traduit de l’anglais par Eugène Rocart) Éditions de la Paix, 1952 ; 237 pages - R.

L’atmosphère de légende qui s’est créée autour de l’ancien chef de l’Abwehr, exécuté par le régime hitlérien le 9 avril 1944, hante de nombreux esprits, et non seulement ceux qui sont épris de roman. Quelques auteurs en quête d’Histoire refusent de s’arrêter à une énigme appareille. Ils tentent de restituer les traits véritables de l’amiral Canaris, et d’établir ce que fut en réalité son rôle dans le déroulement du drame hitlérien. Après le vivant portrait, tracé par le Dr Abshagen dans son livre Canaris, M. Colvin, écrivain britannique, nous donne la version française d’un ouvrage sur le même objet, qu’il intitule Canaris, notre allié secret. Le titre, nous met au cœur du sujet. Lire la suite

  p. 642-643

Georges Benoit-Guyod : Le conscrit de 1913. Roman d’un simple soldat  ; Presses littéraires de France, 1952 ; 261 pages - Edmond Delage

Auteur de savoureux récits historiques, M. Georges Benoit-Guyod change aujourd’hui sa manière, en nous donnant un roman populaire dans la meilleure tradition de ce genre qui inspira, pendant plus d’un demi-siècle, Émile Zola, Alphonse Daudet, Erckmann-Chatrian, les frères Margueritte, etc. Le conscrit de 1913 est une véritable épopée vécue par un simple soldat d’infanterie pendant la Première Guerre mondiale. On y retrouve l’influence de la Débâcle, des Contes du lundi, du Banni et, plus près de nous, des Tronçons du glaive. Mais ces œuvres se référaient à l’époque où la France affaiblie souffrait cruellement des suites du Traité de Francfort (1871). Lire la suite

  p. 643-644

Charles et Mary Beard : Histoire des États-Unis  ; Librairie Hachette, 1952 ; 455 pages - Edmond Delage

L’histoire des États-Unis, de Charles et Mary Beard, excellemment traduite par Mesdames Mireille Bess et Marguerite Lichtenberger, est une synthèse de toute l’évolution des États-Unis vue par des Américains. Lire la suite

  p. 644-644

Revue Défense Nationale - Mai 1953 - n° 103

Revue Défense Nationale - Mai 1953 - n° 103

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Mai 1953 - n° 103

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Quelle autonomie pour les robots armés de demain ?

organisé par le Centre interarmées de concepts, de doctrines et d'expérimentations (CICDE) et l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan avec son centre de recherche le CReC

se tiendra le

lundi 13 octobre 2025 de 9 H 00 à 16 h 00

à l’amphithéâtre Lacoste de l’École militaire

17 place Joffre, 75007 Paris

Le programme de ce colloque est accessible sous le lien Internet : https://www.terre.defense.gouv.fr/crec/evenements/quelle-autonomie-robots-armes-demain

Ce colloque est réservé aux personnes de nationalité française travaillant sur les questions de Défense.

Pour participer à l’ensemble du colloque, inscription gratuite mais obligatoire sous le lien Internet https://www.paris-ecole-militaire.fr/fr/forms/colloquecicdecrecsaintcyrsurlessystemesrobotiquesarmees

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