Afrique équatoriale française (AEF)
Dans la « Collection de l’Union française » publiée sous la direction de M. A. Charton, M. Henri Zieglé a donné une excellente synthèse de tous les problèmes concernant l’Afrique équatoriale française. Nul n’était plus qualifié que lui pour ce travail. Ancien élève de l’École normale supérieure (ENS), agrégé de l’Université, il fut chef du Service de presse et d’information de l’AEF de 1944 à 1946, et chef de cabinet du Gouverneur du Moyen-Congo de 1947 à 1948. Ce livre repose sur une documentation et une observation de haute qualité.
Bien des slogans courant sur cet immense territoire sont ici soumis à une révision sévère. Ce grand bloc administratif est une masse continentale trois à quatre fois grande comme la France, de 500 à 600 kilomètres à vol d’oiseau de la mer, reliée à son extrémité sud-occidentale par une étroite zone de contact d’à peine 200 km de large, à une autre masse, très inférieure en superficie, largement ouverte sur l’océan. Ces deux blocs, administrativement et politiquement unis, ne constituent pas un ensemble hydrographique autonome ; ils ne possèdent pas davantage une unité de structure physique. De ces contrastes résulte une grande diversité de vie démographique et économique. Ce cadre est conventionnel ; la matière sur laquelle on travaille en AEF est étonnamment fuyante. Sa division en quatre territoires est peut-être rationnelle, mais aucun d’eux n’est cohérent. Les deux ambitions nourries à son égard, la mainmise sur des richesses mystérieuses du cœur de l’Afrique et la jonction par une route française de l’Atlantique Sud et de l’océan Indien, ont donné naissance à l’AEF ; mais ce vaste ensemble est encore fort mal connu et la pénétration scientifique et européenne est peu avancée et varie selon les secteurs.
On a pourtant beaucoup écrit sur ce sujet sans données scientifiques, notamment au point de vue de la population. L’auteur a voulu dresser, en un volume, réduit mais très dense, le bilan des réalités ; sa conclusion, qui paraîtra parfois pessimiste, est que l’AEF est « le cadre factice de problèmes très ardus, dont quelques-uns commencent à se résoudre et dont la plupart ne sont que posés ». On voit donc l’intérêt d’une pareille œuvre pour le personnel d’élite qui s’est attaché à cette grande tâche de la mise en valeur d’un pareil territoire. ♦