The Lorraine Campagne
Le magnifique volume publié par la section historique du ministère de la Guerre américain est le cinquième d’une série qui doit en comprendre 96 et retracer l’histoire des opérations de l’armée des États-Unis sur tous les théâtres au cours de la Seconde Guerre mondiale. C’est un très gros livre, luxueusement édité, avec de très belles cartes, des photographies aériennes et de nombreuses illustrations. Il concerne les opérations de la 3e Armée américaine, commandée par le général George Patton, depuis la Moselle jusqu’à la Ligne Siegfried, au cours des derniers mois de 1944. Son auteur, professeur d’histoire militaire à l’Université de Chicago avant les hostilités, fit toute la campagne avec la 3e Armée. Il a eu accès à toutes les archives et, en particulier, aux documents allemands dont un très grand nombre furent capturés, ce qui lui a permis de faire un récit extrêmement complet, vu, en quelque sorte, des deux côtés du front.
Ce récit prend la 3e Armée au 1er septembre 1944. Enthousiasmés par les extraordinaires succès remportés au cours de la poursuite consécutive à l’effondrement allemand en Normandie, les soldats des divisions blindées (dont la 2e DB française) et des divisions d’infanterie du général Patton abordèrent la campagne de Lorraine avec un magnifique optimisme. Il fallut cependant déchanter, la pénurie d’essence (consommation journalière de la 3e Armée : 1 700 000 litres), survenue par suite de la priorité accordée aux opérations de la 1re Armée du Nord, ayant paralysé les éléments mobiles. Le répit permit aux Allemands de se reprendre. Il fallut dès lors prendre d’assaut tous les villages et les points de résistance rencontrés et l’allure de la progression se réduisit à celle du fantassin. La pluie, la neige, le froid, le brouillard, contribuèrent encore à ralentir une avance ayant devant elle trois obstacles majeurs : la forteresse de Metz, la Ligne Maginot, la Ligne Siegfried qui devaient, selon l’ordre de Hitler, être défendues jusqu’au dernier homme.
Quand la campagne s’acheva, au moment où elle dut intervenir contre l’offensive lancée par les Allemands dans les Ardennes, la 3e Armée avait libéré ou conquis plus de 13 000 km2 de terrain, enlevé trois lignes de résistance importantes : celles de la Moselle, de la Nied et de la Sarre, privé l’ennemi des ressources minières de la Lorraine et de la Sarre. Forte de plus de 300 000 hommes au départ, elle avait perdu : 6 657 tués, 36 406 blessés, 12 119 disparus, 105 chars légers, 298 chars moyens. ♦