Remous du Mékong
M. Pierre Gentil, administrateur des colonies, fut envoyé en Indochine au mois de mai 1946 et affecté au Laos où il séjourna pendant trois ans. Bien des livres ont déjà été écrits sur le Laos que peu d’étrangers ont visité sans se laisser prendre par le charme magique de ce merveilleux pays, un des rares où existait encore, jusqu’aux événements récents, la « douceur de vivre ». Nous n’avons plus grand-chose à apprendre du point de vue touristique sur le Cambodge et Angkor, et bien des plumes autorisées nous ont conté les étapes aériennes ou maritimes qui conduisent aux fabuleux pays d’Extrême-Orient, ou en ramènent.
Aussi bien l’intérêt du livre de M. Gentil est-il ailleurs. Il nous apporte un témoignage sur une époque extraordinairement troublée, sur un pays balayé par une tornade comme il n’en avait plus connu depuis bien longtemps, et il est souvent passionnément intéressant de suivre la réaction des populations laotiennes, dont la seule préoccupation, était jusqu’ici de chanter, de danser, d’aimer dans la douceur et dans la joie, devant les horribles événements contemporains, tous engendrés par la haine. Le livre, précédé d’une longue préface de M. Marc Rucart, est donc un document parfois fort attachant, sur ce qui est probablement le début d’une nouvelle ère dans l’histoire du Laos. Tous ceux qui aiment ou ont aimé ce pays se plairont à confronter leurs souvenirs à ce témoignage encore tout frais. ♦