Lucien Bonaparte à Madrid (1801)
Le livre que M. François Piétri a consacré à Lucien Bonaparte, dont il est un des meilleurs historiographes puisqu’il fut, en 1939, honoré du prix Thiers de l’Académie française, est le fruit de son séjour à Madrid qui lui permit de fouiller une des périodes les plus intéressantes de l’activité du célèbre frère de Napoléon, en recourant plus particulièrement aux remarquables études du marquis de Lema, de M. Juan Pérez de Guzmàn et de M. Carlos Pereyra.
Le dessein de M. François Piétri n’est pas d’aboutir à une apologie de son modèle, mais de montrer que, en dépit de ses travers indéniables, l’ambassadeur du premier Consul a joué, en liaison avec Godoy, une partie délicate et fort utile pour son pays. Si Bonaparte avait suivi les conseils de son frère, en matière de politique espagnole, que celui-ci, avec sa vive intelligence, avait su si bien pénétrer, l’empereur tout-puissant de 1807 aurait évité la fatale erreur où il se précipita par sa campagne d’Espagne et les conséquences tragiques qui en découlèrent.
En tout cas, c’est avec beaucoup de talent, d’historien et de styliste, que M. François Piétri a su évoquer deux figures typiques d’une époque exceptionnelle, Godoy, maître de l’Espagne à trente ans, et le frère de l’Empereur, Lucien, qui refusa d’en être roi à trente-deux.