Invasion 1944
Le général Speidel a exercé, d’avril à septembre 1944, les fonctions de chef d’État-Major du maréchal Rommel, commandant le groupe d’armées dont la zone d’action s’étendait du Zuidersee à la Loire. Honoré de la totale confiance de son chef, il fut le témoin du débarquement allié, des conflits politiques et militaires qui opposaient Rommel à Hitler et de la conjuration du Haut-Commandement, dont l’attentat du 20 juillet consacra l’échec. Témoignage de première main qui porte la marque irrécusable de l’objectivité : le total effacement de son auteur.
Bannissant les facilités littéraires qu’offrent les tableaux de bataille et l’apologie des vaincus, thème dont nous avons abusé, le général Speidel nous offre le condensé, aussi lumineux dans sa sobriété que dans son excellente traduction française, des faits qui expliquent l’effondrement allemand : l’entêtement borné et aveugle d’Hitler qui, au lieu de donner à ses commandants de groupes d’armées des missions stratégiques, leur impose des dispositifs tactiques irréalisables, son refus obstiné de reconnaître les faits, la sourde révolte du commandement devant sa despotique incapacité, la conjuration dont Rommel, qui devait en être le chef, n’est plus que la victime.
Le soin qu’apporte l’auteur à nous décrire le caractère de chacun des acteurs et leurs réactions donne à son récit une vie et un relief dramatiques. Les généraux allemands ont été coupables d’adhérer au parti d’un illuminé.