The Price of Power
Cette œuvre est due au rédacteur militaire bien connu du grand journal américain The New York Times. C’est le résultat de dix-huit discussions qui ont eu lieu entre les membres d’un groupe nommé par le Conseil des relations extérieures et qui était présidé par l’auteur. Elles ont porté sur un grand nombre de problèmes stratégiques fondamentaux et sur la méthode la plus capable de préserver la civilisation américaine et occidentale : c’est dire leur intérêt. M. Baldwin estime nécessaire, avant toute chose, de se débarrasser de toutes idées préconçues et de ne pas s’imaginer, par exemple, que la guerre est définitivement abolie ; de même, on ne saurait concevoir une préparation absolue à cette dernière.
Tout ce qu’on peut espérer de mieux, c’est une préparation relative à une guerre future. Il est plus certain que par le passé que le sol américain figurera parmi les premiers points qui seront attaqués, ceci n’empêcherait pas un adversaire de consacrer son attention aux territoires limitrophes d’où pourrait partir une offensive contre lui. Mais l’auteur n’estime pas probable une véritable invasion, tant que les États-Unis resteront maîtres de leur zone. Il s’attend plutôt à un assaut massif : cette attaque ne serait d’ailleurs pas nécessairement physique. Elle peut commencer par porter contre le royaume de l’esprit américain. De l’étude de la guerre précédente se dégagent quelques leçons stratégiques : la guerre n’est pas gagnée par des masses de troupes, mais par des masses d’usines : l’offensive l’a emporté sur la défensive ; les frontières ne sont plus une protection ; la guerre moderne est totale ; la métropole américaine est une base d’opérations, elle est devenue plus vulnérable que par le passé. Comment la démocratie pacifique des États-Unis doit-elle se préparer à une action immédiate ?
Du point de vue politique, le monde est divisé en deux grands États : Washington est devenu le centre de l’univers occidental ; sa capitale rivale est Moscou. Il n’y a pas de chance d’éviter le conflit. M. Baldwin s’attend à ce que douze Nations marchent avec les États-Unis et douze avec la Russie. Les quatre neutres resteraient la Norvège, la Suède, le Danemark et la Suisse. L’Espagne ne serait l’amie de personne. La zone, comprenant l’Autriche, l’Italie, l’Allemagne, la France, le Moyen-Orient, l’Inde, la Chine et l’Extrême-Orient pourrait être un théâtre d’opérations.
Envisageant l’emploi de la bombe atomique, M. Baldwin estime que le nombre de ces engins sera, malgré tout, si limité que leur emploi supposera des calculs stratégiques très minutieux ; d’autres armes seront peut-être employées, telles que les armes biologiques et chimiques, capables d’attaquer les végétaux, les animaux, la vie humaine. Le problème des fusées sera lui aussi soumis à des limitations. M. Baldwin ne croit pas à des fusées guidées capables, d’ici longtemps, de traverser les océans. Il faudra, pour les États-Unis, se préparer à des mesures antiaériennes et sous-marines considérables ; leur coût ne serait, d’ailleurs, pas prohibitif.
L’auteur préconise un système très vaste de bases flottantes et de positions préparées sur les points les plus menacés du globe, tels que la Palestine et la Chine. L’armée américaine doit devenir la plus grande armée aéroportée du monde ; la marine ne doit pas être réduite. Mais la machine n’a pas éliminé l’homme : c’est lui qui reste le problème central, ce qui n’entraîne pas, du reste, nécessairement une mobilisation générale. Des méthodes de sélection rigoureuse devront être appliquées. Enfin, les États-Unis doivent adopter une politique extérieure « résolue et dynamique ».