Histoire de la diplomatie. T. I, T. II et T. III
Cette histoire générale de la diplomatie, publiée sous la direction de Vladimir Potiemkine, est l’œuvre fortement construite et documentée d’une équipe de savants ; mais elle est faite pour le grand public ; elle veut être « populaire ». Le but c’est d’amener le lecteur à juger l’action des hommes politiques à leur juste valeur ; le moyen c’est de faire un simple exposé des actes diplomatiques sans qu’il soit besoin de les interpréter. Le spectacle seul des procédés de la diplomatie à travers les siècles fait comprendre ce qu’ils ont comporté de perfidie ou de loyauté.
Le premier volume a 569 pages. Elles sont rapides mais très instructives, et nous regrettons de ne pas avoir la place de les résumer. En voici seulement trois points importants : 1° Au XVIe siècle l’intérêt de l’État devient le critère suprême ; tous les moyens sont bons pour atteindre le bien public, ce qui crée la diplomatie des temps modernes ; 2° 1789, révolution bourgeoise, marque le début de l’établissement du capitalisme ; 3° 1871, avec la Commune, est le prélude d’une résistance active à la diplomatie capitaliste.
Le tome II, de 441 pages, va du traité de Francfort à la paix de Versailles. La décadence du capitalisme commence ; il est anéanti en URSS par les forces de la Révolution d’Octobre. À mesure que l’on approche de la période contemporaine, les détails se font à la fois plus abondants et plus précis.
Le troisième tome qui ne contient que vingt années, de 1919 à 1939, est de beaucoup le plus considérable. Mais les 900 pages qui le composent ne cessent pas de provoquer l’intérêt par leur information et par leur ardeur démonstrative. Deux éléments essentiels, dans cette courte période : 1° coexistence, action réciproque, lutte du capitalisme et du socialisme ; 2° aggravation de toutes les contradictions du capitalisme.
Est-il besoin de dire que le point de vue soviétique, dans cette étude, est prédominant ? La duplicité de la diplomatie secrète est abondamment prouvée, la nécessité d’une diplomatie en plein jour, hautement affirmée. C’est un Antimachiavel que nous présentent ces trois volumes, sous une forme historique très savamment et très habilement construite. N’oublions pas toutefois que Frédéric II, roi de Prusse, le plus machiavélique des princes, avait lui aussi écrit un Antimachiavel.