Après avoir opéré sans heurt le passage de l'Espagne à la démocratie et la rentrée en scène de la diplomatie, le gouvernement de M. Suarez ne va-t-il pas voir son œuvre compromise par la montée des forces de gauche et la recrudescence du terrorisme basque devant lequel les grands courants politiques sont divisés ?
Le désenchantement : l'Espagne retrouve-t-elle ses démons ?
Trois ans durant, les observateurs ont cru découvrir la vanité des appréhensions longtemps ressenties sur l’avenir politique de l’Espagne. Dans le contexte rassurant du « consensus à l’espagnole », la violence basque elle-même apparaissait jusqu’au début de 1979 comme l’exception dramatique mais marginale qui confirmait le caractère généralement pacifique et ordonné de la transition démocratique.
Le résultat des élections législatives du 1er mars dernier concordait toujours avec cette vision, dans la mesure où il stabilisait le système des partis au bénéfice de la gouvernementale Union du Centre Démocratique (UCD), et consolidait de la sorte les bases d’un régime adolescent, jusqu’alors exposé au « risque » d’un glissement à gauche. De son côté, la politique étrangère du président Suarez semblait trouver un équilibre après la longue errance de la politique franquiste.
D’un coup, ces impressions positives ont cédé la place au désenchantement, voire à la panique, au début du printemps. Le bilan des élections municipales du 3 avril est venu contredire brutalement celui des législatives du 1er mars, au point de faire craindre un blocage du système politique. Dans le même temps, l’extension du terrorisme a paru subitement dresser un obstacle sans issue à la consolidation démocratique et au maintien de l’indispensable autorité de l’État espagnol. L’excès de pessimisme succède-t-il à l’optimisme trop hâtif ?
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