Histoire de l’esclavage dans les colonies françaises
M. Gaston-Martin, professeur à la Faculté des lettres de Bordeaux, présente, dans un style élégant, un travail très documenté sur l’histoire de l’esclavage dans les colonies françaises – en fait dans les Antilles – et on y suit avec intérêt l’évolution des idées des créoles et des gens de couleur.
M. Gaston-Martin étudie, notamment, le trafic négrier dans toutes ses phases, financement, armement, itinéraires, achat des noirs sur la Côte d’Afrique, leur transport aux Antilles, la vente, le retour en France avec une cargaison de « syrop », de café, de tabac et d’indigo. Les bénéfices réalisés incitent à augmenter le rendement des cultures, d’où une traite intense.
Survient la Révolution. Chaque partie envoie en France une délégation bientôt admise par les commissions parlementaires. Trois groupes s’opposent, celui de Saint-Domingue, économiquement autonome, celui des armateurs hostiles à l’émancipation des mulâtres et des esclaves, celui des « Amis des Noirs » favorable à l’émancipation des hommes de couleur et à l’abolition de la traite. Les faits révolutionnaires ont leur répercussion aux Antilles.
La guerre d’Europe permet aux Espagnols d’envahir la zone française et aux Anglais d’occuper les ports. L’énergie de Santhonax du Gral Lavaud, de Bauveu, Rigaud et, surtout, de Toussaint Louverture sauvent la situation. Ce dernier, à l’annonce du vote de la Convention abolissant l’esclavage, chasse les Espagnols et les Anglais. Il réorganise les cultures par le travail forcé, mais il ne peut céder la première place au général Leclerc qui vient pour rétablir la suzeraineté française. Battu, bientôt réduit à la guérilla, abandonné de ses lieutenants, il vient faire sa soumission. Arrêté, il est envoyé en France où il meurt bientôt au fort de Joux.
Particulièrement intéressants sont les chapitres du livre V consacré à l’abolition de l’esclavage. En France, des études ont été entreprises dès 1830. Elles sont poussées en 1838, mais le débat s’éternise. Enfin, en 1848, le gouvernement provisoire de la IIe République charge Schœlcher, sous-secrétaire à la Marine, de présider une commission qui préparera dans le plus bref délai l’acte d’émancipation immédiat.
Cette étude est d’un puissant intérêt pour tous ceux qu’intéressent les questions coloniales et l’évolution des idées dans nos vieilles colonies, aujourd’hui assimilées, et qui l’ont, encore récemment prouvé, dans tous les domaines.