La paix au Viet-Nam
M. Jean Bidault analyse avec beaucoup de bon sens le problème du Vietnam. Il ne faut pas considérer la question avec un esprit de parti mais aborder le problème en raisonnant objectivement sur Indochine.
La presque totalité des autochtones désire la paix qui lui permet de vaquer tranquillement à ses occupations. Une très faible minorité d’évolués, grâce à nous du reste, désire prendre le pouvoir pour en tirer les avantages, surtout matériels, que le pouvoir concède en Extrême-Orient. Cette minorité, en général des apprentis sorciers, qu’elle se rattache à Ho Chi Min ou à d’autres, n’a ni la compétence ni le nombre nécessaire pour diriger un pays aussi grand, composé de peuples différents à tendances distinctes.
D’un autre côté, le système français qui tend à tout centraliser, a, de ce fait, commis certaines graves erreurs en substituant une administration directe au contrôle des cadres normaux qui existaient dans le pays. Enfin, le grand chef regarde toujours du côté du parti au pouvoir en France.
Si, au Cambodge et au Laos, l’administration a tenu compte des cadres autochtones, elle n’a pas agi avec autant de doigté ailleurs, tenant trop en tutelle l’Annam où la famille impériale jouit d’un certain prestige, tandis qu’elle est à peu près ignorée en Cochinchine et au Tonkin. L’administration directe peut se concevoir chez les Moï non évolués, mais ailleurs le système est archaïque et il est indispensable de tenir compte des cadres locaux et des aspirations de la population.
La fédération est le but à poursuivre et demande des cadres expérimentés et de valeur tenant compte des différences profondes qui existent entre les trois Ky.