Atlas international Larousse
Le nouvel et monumental ouvrage que vient de publier la librairie Larousse répond à une triple nécessité. D’abord chacun éprouve, depuis la fin de la guerre, le besoin de remettre à jour ses connaissances dans le domaine politique et économique : aucun atlas ne donnait jusqu’alors une vue concrète et précise des énormes transformations économiques, des profondes modifications territoriales suscitées par la guerre. Le nouvel ouvrage apporte, sur ce point, une masse de faits nouveaux, trop souvent dispersés dans un grand nombre d’annuaires, de livres ou d’articles. Tant pour les faits politiques – par exemple, la nouvelle répartition des bases américaines dans le monde, que pour le développement économique – par exemple, l’industrialisation des zones australes et de l’Asie russe, il constitue une mise au point qu’on ne trouvera, avec une pareille ampleur et une semblable précision dans le détail, nulle part ailleurs.
Il est certain, en second lieu, que beaucoup d’atlas ont jusqu’à présent donné une vue faussée du monde, en utilisant la classique projection de Mercator et en répartissant les cartes par pays, voire par régions. L’Atlas Larousse réagit contre cette regrettable déformation : les grands faits politiques et économiques ne sont pas seulement cartographiés sur projection Mercator, mais aussi reproduits par une carte axée sur le pôle Nord qui donne, pour l’hémisphère Nord, une vue saisissante des rapprochements de Nations et de zones industrielles par-delà les régions polaires. De plus, un principe a été couramment appliqué, à l’exception de quelques cartons de détail : la représentation de grands ensembles groupés autour d’une mer (pays de la mer du Nord, de la Baltique, de la Méditerranée), ou possédant en commun un certain nombre de traits climatiques, économiques ou humains (pays de l’Asie du Sud-Est par exemple) ; au risque de négliger certains détails secondaires, la carte donne aussi une vue synthétique plus parlante et plus utile.
Enfin, une vieille tradition des atlas français était une indifférence à peu près entière à l’égard des faits économiques. Mais nous ne sommes plus au temps où les rapports de forces relevaient de la politique et de l’existence de forces militaires autonomes. L’importance des faits économiques n’est plus à démontrer. C’est pourquoi l’atlas Larousse a été divisé en deux parties à peu près égales : la première consacrée aux faits politiques, mais indiquant, par un jeu de flèches et de tableaux les principaux mouvements commerciaux des Nations figurant sur la carte, la seconde traduisant les faits économiques essentiels : circulation terrestre, maritime et aérienne, sources d’énergie, matières premières du sous-sol, principaux types d’industries, ressources agricoles. Pour chacune de ces cartes, une gamme très variée de signes multicolores, qu’on a voulu rendre aussi parlante que possible, permet de repérer l’implantation des principales mines, des principales industries, etc. ; telle carte en compte plus de cinquante.
Cet atlas constitue un instrument de travail de conception nouvelle, qui met en œuvre une documentation considérable. On pourrait craindre qu’avec une telle accumulation de signes, de noms, de renseignements divers, les cartes fussent confuses ; en fait, l’emploi d’une échelle appropriée, la simplification des zones les plus touffues, développées à part dans des cartons de détail, l’utilisation de plusieurs couleurs composent un ensemble clair, lisible, souvent agréable à l’œil et dont la réalisation technique fait honneur à l’édition française. Nous n’aurions garde enfin d’oublier que de nombreuses pages de statistiques, démographiques et économiques terminent ce livre : d’un maniement commode, elles réunissent, pour la plus grande commodité du lecteur, une foule de renseignements statistiques dispersés dans de nombreux recueils. C’est là une œuvre de qualité dont l’intérêt mérite d’être souligné.