Au moment où vient de se tenir à La Havane la VIe conférence des non-alignés, l'auteur, actuellement sous-directeur des études à l'Institut International d'Administration Publique et maître de conférences à l'Institut d’études politiques (IEP) de Paris, rappelle ici l'historique de ce mouvement, ses objectifs initiaux et son développement ; un développement qui lui a d'ailleurs fait perdre en cohésion ce qu’il a gagné en nombre. On sait en effet quelle altération ont subie les critères initiaux de non-alignement ; le déroulement de la conférence qui vient de se tenir sous la présidence du plus fidèle allié de Moscou hors d'Europe a illustré largement la tentative de dévoiement dont il est l'objet. Il est piquant par ailleurs de noter que la conférence s'est tenue sur un territoire abritant une base américaine d'une part et une « brigade » soviétique d'autre part, alors que la charte du non-alignement précise qu'un pays ne peut adhérer au mouvement s'il admet des bases étrangères sur son territoire.
L'essentiel de ce texte était prêt au moment où s'est ouverte la conférence. Avant de le mettre sous presse nous y ajoutons un post-scriptum destiné à informer nos lecteurs de son déroulement et des conclusions à en tirer pour l'avenir du mouvement.
La VIe conférence des chefs d’État et de gouvernement du mouvement des pays non-alignés qui devait en arrêter les principales orientations pour la période à venir s’est tenue du 3 au 8 septembre à La Havane. Elle a porté à cette occasion Fidel Castro à la présidence du mouvement pour les années allant de 1979 à 1982. Cette consécration du rôle international de Cuba est en soi un événement et un sujet d’interrogation. Le mouvement du non-alignement qui s’était efforcé jadis de prôner une politique indépendante située en dehors des blocs a révélé à cette occasion ses profondes divergences. Résistera-t-il aux tentatives actuellement à l’œuvre de reclassement des puissances ? Pour répondre à cette interrogation il paraît d’abord utile de tenter de saisir la nature de ce courant international au travers de son cheminement historique et de ses principales orientations et de s’interroger sur sa nature véritable.
Le non-alignement : circonstances de son apparition, cheminement et nature de ses aspirations générales
La politique du non-alignement a procédé essentiellement d’une démarche empirique. Les tentatives de rationalisation ne sont intervenues qu’ultérieurement, principalement sous l’égide de la Yougoslavie. Cette attitude pragmatique a donné naissance peu à peu à un véritable courant international qui a regroupé la grande majorité des États du Tiers Monde sans vouloir se confiner pour autant à cette seule catégorie de nations.
Né au cours de la guerre froide, le non-alignement n’entendait pas pour autant procéder entièrement de celle-ci
Perçue de manière générale, voire simplificatrice, l’attitude « non-engagée » ou « neutraliste » exprimait le refus des jeunes États, nouvellement indépendants, de se ranger d’un côté ou de l’autre dans la querelle idéologico-politique qui coupa le monde après 1945. Pour eux l’essentiel était de sauvegarder une indépendance encore bien frêle, de promouvoir une expansion économique qui allait s’avérer difficile et de tenter d’explorer une voie qui leur fût propre. Cette recherche de l’indépendance authentique a correspondu à une phase d’affirmation et de recherche d’identité. Elle pouvait également signifier la recherche d’une « troisième voie » située à mi-distance entre le capitalisme occidental et le socialisme d’État de l’Est.
Le non-alignement : circonstances de son apparition, cheminement et nature de ses aspirations générales
Né au cours de la guerre froide, le non-alignement n’entendait pas pour autant procéder entièrement de celle-ci
Issu d’une démarche empirique, le mouvement du non-alignement s’est peu à peu amplifié et structuré
Le mouvement du non-alignement dans la situation internationale actuelle
Les critères originaux du non-alignement ont subi l’épreuve du temps
Le non-alignement : rassemblement à vocation universelle ou regroupement d’États du Tiers Monde à la recherche d’un rôle et d’une place au sein du système international ?
Post-scriptum (11 septembre 1979)