La guerra al fronte russo
Ce témoignage est consacré aux opérations du CSIR (Corpo di Spedizione italiano ine Russia) que le maréchal Messe commande de juillet 1941 à l’automne 1942, époque à laquelle il fut mis à la tête de la Ire Armée en Afrique du Nord. À partir de juillet 1942, le CSIR, appelé XXXVe CA, fut intégré dans une formation plus vaste, l’ARMIR (Armata Italiana) ou VIIIe Armée, commandée par le général Garibaldi et dont le Service historique italien a relaté les exploits dans une monographie intitulée : L’8a Armata italiana nella seconda battaglia difensiva del Don. Ces deux ouvrages, qui se complètent, nous permettent d’avoir une vue d’ensemble de ce que fut l’intervention italienne aux côtés des Allemands sur le front russe.
L’auteur, après avoir rappelé à grands traits les mobiles qui amenèrent Hitler à attaquer l’URSS et souligné les grossières erreurs commises par ses services de renseignements quant à la solidité de l’armée russe, à la qualité de son commandement et surtout à l’énorme potentiel de guerre dont il disposait, expose, non sans les critiquer, les raisons idéologiques et politiques qui induisirent Mussolini – toujours prompt à voler au secours de ce qu’il croyait devoir être une victoire-éclair – à offrir à Hitler, et presque en lui forçant la main, la participation d’un corps italien à la croisade anti-bolchevique.
Le CSIR, mis sur pied dès le début de juillet 1941, se composait de deux divisions d’infanterie « Pasubio » et « Torino », autotransportables, de la 3e division celere « Duc d’Aoste », d’un groupe d’artillerie de CA et de deux groupes d’aviation. Il manquait de moyens cuirassés, ne disposant que de chars légers hors d’état d’affronter les chars lourds soviétiques, était insuffisamment doté en armes antichars, et ses moyens automobiles ne lui permettaient de transporter qu’une division sur deux et non les deux à la fois comme leur qualificatif autotrasportabile aurait dû le faire croire, si bien que l’une d’elles doit s’arrêter ou progresser à pied cependant que l’autre est en mouvement. C’est là, au dire de l’auteur, un de ces compromis fréquent au temps du Fascisme entre le « Volere » et le « Potere », compromis dont on imagine les fâcheuses conséquences sur l’efficacité et la capacité d’action du CSIR dans une guerre de mouvement entreprise, au moins au début, à toute allure.
Le CSIR n’en participe pas moins de son mieux, mais en parent pauvre, aux batailles d’anéantissement de 1941, à la campagne d’hiver de 1941-1942 qu’il supporte sensiblement mieux que les Allemands, grâce à des précautions d’hivernage prises à temps par le Commandement, à la reprise de l’offensive de 1942 qui mènera la Wehrmacht et l’ARMIR, successeur de CSIR, jusque sur le Don.
On trouvera, bien entendu, dans le livre du maréchal Messe, un récit détaillé des diverses actions auxquelles a participé le corps expéditionnaire italien, et des jugements parfois sévères, mais toujours pertinents (ils ont d’ailleurs l’avantage d’être formulés après coup et, partant, à coup sûr) sur les erreurs militaires, politiques, psychologiques et tout simplement humaines, commises par le Commandement allemand, non seulement dans la conception et la conduite de la bataille, mais dans ses rapports avec la population des pays occupés.
Dans l’ensemble, l’ouvrage se présente à la fois comme une critique valable de l’incompétence flagrante de la conduite politico-militaire de la guerre à l’Est, mais aussi comme une réparation à l’égard des troupes italiennes qui, lancées dans une guerre impopulaire et nullement préparée, s’y sont conduites avec valeur, bien qu’elles aient vu leurs efforts dénigrés à la fois par la propagande anglo-saxonne, par celle de leurs alliés allemands et aussi par une certaine propagande italienne pour qui les héros et les morts de la « guerre fasciste » n’ont droit qu’à un oubli intentionnel.