Envers et contre tout. D’Alger à Paris (1942-1944)
C’est bien « envers et contre tout » que la France combattante parvint à constituer le gouvernement libérateur de la France. Dans un premier volume, M. Soustelle nous a écrit la naissance du Comité de Londres, ses efforts aux heures les plus tragiques pour tenter d’assurer, avec le concours de la flotte et de l’Empire, une contribution française à la guerre. Le deuxième volume nous fait entrer dans la phase victorienne, marquée par le débarquement allié en Afrique du Nord et par l’arrêt des offensives allemandes en Russie.
Membre du Comité de Londres puis chef à Alger de la Direction générale des Services secrets, l’auteur a décrit les étapes souvent confuses qui ont transformé le Comité de Londres en Gouvernement provisoire de la République. Évolution politique qui visait à assurer un effort de guerre cohérent et à nous ouvrir l’accès des conseils interalliés. Évolution qui se heurta à une double obstruction : celle des Alliés qui aspiraient à traiter avec de simples administrateurs de notre Empire, celle des dissidents de la onzième heure qui, se réclamant du Maréchal, s’obstinaient à en poursuivre la politique.
L’auteur ne nous apporte pas un livre d’histoire, fruit d’une synthèse objective, mais, sous la forme d’une chronique, un témoignage extrêmement vivant, souvent partial, parfois passionne, d’un témoin et d’un acteur. Témoignage précieux, parce qu’il explique maints points obscurs et qu’il suggère d’approuver ou de condamner telle attitude et telles initiatives soumises soit aux exigences de l’esprit partisan, soit à celles d’un patriotisme désintéressé.
Jusqu’à son arrivée à Alger en juillet 1943, l’auteur n’a eu des événements que la perspective londonienne ; mais à partir de cette date, son récit revêt d’autant plus d’importance et de relief qu’il prend en mains l’ensemble des services secrets. À ce titre on lira, avec un intérêt particulier, les conditions d’organisation de la résistance intérieure et de son exploitation par les communistes en vue de constituer, à la libération, un gouvernement de leur choix. Les coups de force par lesquels le général de Gaulle substitua, dès le débarquement en Normandie, des cadres français aux officiers américains, destinés à administrer le territoire national et imposa à Paris au Comité national de la résistance (CNR) l’autorité de son gouvernement, couronnent l’action entreprise le 18 juin 1940, et poursuivie avec tant d’obstination.