Les comités d’entreprise. Fonctionnement et résultats pratiques
Il pouvait paraître présomptueux de vouloir dresser le bilan d’une institution qui compte à peine quelques années d’existence, mais l’auteur s’est tiré avec honneur de cette tâche délicate. Il déclare en introduction avoir voulu délaisser « toutes controverses doctrinales », et tout son livre montre qu’il a pleinement tenu parole. Le tableau qu’il brosse est d’une objectivité totale, scrupuleuse, à laquelle la littérature récente en matière sociale ne nous a pas accoutumés. Il faut savoir gré à l’auteur de cette qualité qui donne à son ouvrage une valeur de témoignage. Après un bref historique, M. Pierre Chambelland examine la formation du comité, son fonctionnement, ses rapports avec les membres de l’entreprise, les résultats obtenus.
La lucidité de son jugement est remarquable, et la classification des comités suivant l’atmosphère des relations entre patrons et représentants (p. 103 et suivantes) est un chef-d’œuvre de finesse d’observation et de psychologie. Au surplus, il a toujours su éviter la description « anatomique » d’institutions considérées comme des corps sans âme. Il replace les comités dans le milieu social et politique dans lequel ils vivent et dont ils reçoivent l’influence. Son appréciation sur les résultats obtenus est dénuée de toute béate complaisance, et si les perspectives qu’il entrevoit sont relativement optimistes, le danger de l’antagonisme entre les syndicats et les comités, c’est-à-dire entre les partisans de la lutte des classes et ceux de l’organisation professionnelle, ne lui échappe pas.