La France de M. Fallière
Notre collaborateur, M. Jacques Chastenet, de l’Institut, qui s’était surtout consacré à l’étude des problèmes britanniques, vient de faire paraître un livre fort intéressant, aussi documenté qu’intelligent, selon sa coutume, sur la France de M. Fallières. Sans doute, il trace du président de la République de cette époque un portrait doucement humoristique ; nous voyons M. Fallières en frac, en redingote, en feutre mou, en chapeau de pêcheur à la ligne et cravate à petits pois, mais la bonhomie de son comportement ne dissimule pas la gravité des événements qui, dès ce moment, menaçaient.
Si la véritable époque 1900 se prolongea, dans ses mœurs comme par ses idées, jusqu’au début du XXe siècle, l’époque Fallières fut bien le prélude à une évolution profonde de l’ensemble du pays qui devait, d’ailleurs, être brusquement interrompue par le drame de la guerre.
Rien n’échappe à l’attention historique, psychologique, de l’auteur. Que ce soit la politique étrangère ou intérieure, l’économie, la photographie des différents milieux : monde, bourgeoisie et même demi-monde, la synthèse remarquable des courants de pensée, de la science, la vie littéraire et de tous les arts, tout cela revit sous la plume alerte de M. Jacques Chastenet avec une singulière intensité.
On reste confondu de la puissance de son érudition et les rares lacunes de cette fresque seraient peut-être l’absence de données suffisamment précises sur l’évolution des forces armées et de la mentalité militaire en ces années qui précédèrent directement le grand conflit de 1914-1918.