Saint-Nazaire, le port, la ville, le travail
Mme Marthe Barbance, agrégée d’histoire et de géographie, docteur es lettres, vient de publier un important volume sur le grand port de la basse Loire. Fondé sur des documents qui ont en grande partie disparu lors de la destruction de la ville, il retrace l’histoire de cette « cité champignon » qui, à l’instar de tant de localités américaines connut, pendant un certain temps, un développement d’une rapidité inouïe.
Mais ces espoirs n’allaient pas tarder à être déçus. Saint-Nazaire était né pour être un port, un port de paquebots, un port de charbonniers et c’est en tant que port que l’avenir semblait lui ouvrir toutes ses promesses. Il ne devait cependant pas en être ainsi. La Compagnie générale transatlantique, obligée de construire en France, une grande partie de sa flotte, ouvrit en 1862, en liaison avec une maison écossaise, les chantiers qui devaient devenir, en 1900, les Chantiers de l’Atlantique. En 1881, une maison nantaise y créait les Ateliers et Chantiers de la Loire. Et tandis que le port s’étiolait, au début du présent siècle qui vit diminuer les importations de charbon, pour tomber à une activité très réduite après avoir connu, comme base américaine, une prospérité éphémère, les chantiers ne cessaient de progresser pour prendre, enfin, la tête de l’industrie des constructions navales en France. C’est d’eux que sont sortis ces chefs-d’œuvre de notre marine marchande que furent la Normandie, presque entrée dans la légende, l’Île-de-France, le Paris, tant d’autres, et d’eux que la marine de guerre reçut de magnifiques unités dont la dernière fut le Jean-Bart, qui écrivit une page si glorieuse en parvenant à s’échapper au mois de juin 1940.
Saint-Nazaire, au lieu d’un grand port, est devenu une vaste cité industrielle dont les progrès ne paraissent pas en voie de s’arrêter en dépit des profondes blessures que lui a causées la guerre.
Les illustrations, les croquis, les graphiques, donnent encore plus de clarté à ce bel ouvrage.