Mers-el-Kébir
Dans cet ouvrage, M. Pierre Varillon ne se borne pas à nous conter, de façon très précise et émouvante, les péripéties de la funeste « journée » du 3 juillet 1940 à Mers-el-Kébir : traitant la question dans toute son ampleur, il consacre la première partie de son livre à l’étude des origines puis, dans une troisième partie, il entreprend de dégager les conséquences du drame.
Recherchant les origines de Mers-el-Kébir, l’auteur expose lumineusement la genèse de l’Armistice à partir de la réunion du Conseil suprême à Briare (11-12 juin 1940) où, pour la première fois, M. Winston Churchill manifesta, directement, son inquiétude au sujet du sort de la flotte française. Il éclaire ce qu’on a appelé le mystère du 16 juin en cherchant à prouver la non-communication par le président Reynaud à ses ministres, puis à son successeur, des fameux télégrammes Halifax. Versant au débat plusieurs documents inédits, Pierre Varillon démontre, une fois de plus, et de façon, semble-t-il, irréfutable, la ferme résolution des marins et du gouvernement français (Pétain aussi bien que Reynaud) de repousser tout armistice comportant la reddition, même partielle, de notre flotte et, en toute hypothèse, de ne laisser tomber intact aux marins de l’ennemi aucun de nos bâtiments de combat. Il estime qu’à l’issue de la mission à Bordeaux, le 19 juin, des « trois Lords » (Alexander, Lloyd et Pound) l’Amirauté britannique était délivrée de toute inquiétude, certaine que cet engagement d’honneur serait tenu. Au terme de sa remarquable analyse des « origines », Pierre Varillon affirme que l’agression de Mers-el-Kébir fut inspirée à son auteur, M. Winston Churchill, moins par d’impérieuses exigences de sécurité militaire que par des préoccupations de politique intérieure. Cette conclusion paraît peut-être trop absolue, malgré certains propos du Premier britannique postérieurs à l’événement. On ne peut, en revanche, que s’associer à l’opinion de M. Varillon sur les funestes conséquences politiques, morales et, mieux, militaires de l’événement.