Il s'agit essentiellement de l'aspect économique de l'action et des possibilités japonaises en Asie : Quelles sont sur ce plan la portée et les conséquences du récent traité de paix et d'amitié sino-japonais pour les relations de Tokyo avec ses voisins asiatiques : Union soviétique (URSS), Chine et Asie du Sud-Est ? L'auteur revient d'un voyage de deux semaines en Chine.
Rôle et possibilités du Japon en Extrême-Orient
Me plaçant ici dans une perspective essentiellement économique, je traiterai principalement du Japon et subsidiairement des pays de l’ASEAN. Si l’on prend en effet la part du commerce nippon dans l’ensemble du commerce extérieur de tous les pays de l’ASEAN, elle représente environ 25 %. En revanche, si l’on regarde du point de vue du Japon la part que représente l’ensemble cumulé des pays de l’ASEAN dans le commerce extérieur japonais, elle ne fait pas plus de 6 %. Cela montre le caractère privilégié de ces relations et leur caractère de dépendance. Je pourrais du reste en dire autant en ce qui concerne les capitaux, car aujourd’hui le groupe des pays de l’ASEAN représente à peu près 16 à 17 % du total des capitaux japonais exportés, ce qui est considérable.
J’aurai par la suite l’occasion de mettre encore davantage l’accent sur cet aspect économique qui constitue du reste pour les Japonais un véritable levier politico-stratégique, ceci pour la raison très simple que la véritable puissance du Japon réside encore aujourd’hui dans son pouvoir économique. Ce constat reste vrai même si l’on tient compte des rumeurs sur l’augmentation du potentiel militaire japonais – rumeurs qui sont d’autant plus insistantes qu’elles sont liées aux pressions chinoises en cette matière. Or, on se souvient de l’affirmation figurant dans le livre blanc de la défense japonaise de 1978 : « En ce qui concerne la mise en œuvre de la construction des forces de défense, les dépenses relatives à la défense rapportées sur chaque année fiscale devront pour le moment être utilisées de façon à ne pas dépasser le montant de 1 % du PNB ». Certes, il faut prendre cette norme statistique avec beaucoup de prudence car tout dépend de la définition que l’on donne des dépenses militaires. Je signalerai cependant qu’au-delà de cette norme officielle, il existe au Japon un assez grand nombre de courants d’opinion, pas seulement orientés à gauche, qui restent assez hostiles à toute augmentation substantielle, visible et spectaculaire des dépenses militaires. Par conséquent le frein en la matière est d’origine interne au Japon.
Je placerai mes interrogations sur le Japon dans la perspective, premièrement de l’ouverture de la Chine, et deuxièmement des conséquences de cette ouverture sur l’Europe et plus particulièrement sur la France. Je traiterai successivement les points suivants : dans une première partie, je vais tenter de dégager la portée et les conséquences, en particulier pour les pays de l’ASEAN mais pas exclusivement, du traité de paix et d’amitié sino-japonais du 12 août 1978. J’élargirai ensuite cette question et tenterai d’esquisser les grandes lignes d’une prospective du Japon et de cette région du monde. Enfin, en conclusion, je reviendrai à l’Europe et en particulier à la France pour dégager un certain nombre d’implications de cette situation.
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