L'auteur, en tant qu'auditeur à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), vient d'effectuer un voyage de quinze jours en Chine. Il nous donne son sentiment – mais c'est aussi le nôtre – en réponse à la question : Quelle attitude adopter face à l'antagonisme sino-soviétique ?
En guise de conclusion - Face à la déstabilisation de l'Asie, que faire ?
Je me limiterai à cinq observations.
• Premièrement, y a-t-il réellement déstabilisation de l’Asie ? La question mérite finalement d’être posée, on peut en douter puisque selon la thèse de la plupart des rapporteurs ce serait plutôt la thèse de la continuité qui gagnerait à être soulignée : cela a été fait par Mme Carrère d’Encausse pour la politique soviétique, Christian Schmidt pour le Japon et Marie-France Toinet pour les États-Unis, tandis que le rapporteur introductif, M. Bianco, préférait à la notion de déstabilisation celle de continuité dans l’instabilité, si j’ai bien compris. Alors ma première conclusion serait donc de condamner le thème choisi par l’amiral Duval et le général Vincent. Je n’en ferai, bien entendu, rien.
Je crois que la configuration des forces actuelles en Asie ne date effectivement pas d’aujourd’hui ; elle est née pratiquement de la rupture sino-soviétique, ensuite, plus récemment, du desserrement de la pression américaine sur l’Asie (on a cité à plusieurs reprises et fort justement la doctrine de Guam). En quelque sorte on peut dire que cette configuration actuelle de l’Asie découle de la rupture sino-soviétique mais qu’elle a été retardée pendant huit à dix ans par la guerre du Vietnam. Mais il est assuré que certains des comportements nationaux impliqués, les attitudes de certaines des parties dans la région, tendent à s’intensifier et peuvent parfois atteindre, aux yeux d’observateurs plus ou moins superficiels, un stade paroxystique (on a évoqué le développement de la marine soviétique, les Japonais parlent de la bataille du Pacifique avec la construction de deux nouvelles bases de sous-marins nucléaires en Sibérie et la mise en place de bases de ravitaillement comme à Cam Ran : il y a donc un nouveau déploiement des forces soviétiques en Asie). Il y a également le fait, traumatisant pour les ressortissants de sociétés qui restent des sociétés idéologiques, du conflit ouvert entre deux puissances socialistes (je mets à part l’affaire de Hongrie ou celle de Tchécoslovaquie qui était plus spécifique) : l’invasion du Cambodge par le Vietnam et l’affrontement sino-vietnamien. Alors évidemment on peut mettre l’accent sur le discours de l’Union Soviétique en Asie, sur la démarche conservatrice ou conservatoire de Moscou : on peut mettre l’accent sur les contradictions internes de l’Union Soviétique mais je me demande parfois si le raisonnement ne peut pas être retourné, c’est-à-dire qu’on peut se demander également si, à moyen terme, une guerre patriotique ne permettrait pas de transcender certaines difficultés internes soviétiques.
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