La défaite allemande à l’Ouest
Le livre du Major général Shulman est, parmi tous ceux qui ont déjà été publiés sur l’histoire de la guerre, un des plus intéressants. Il condense toutes les causes de l’écroulement militaire du Reich. En se transportant, lui aussi, de l’autre côté de la barricade, il laisse parler les combattants allemands eux-mêmes et donne la parole aux plus intelligents d’entre eux, qui, malgré leur esprit de discipline et la terreur que leur inspirait le Führer, voyaient avec lucidité dans quel gouffre celui-ci précipitait leur armée et l’Allemagne.
Le Major L. Shulman était particulièrement qualifié pour une pareille étude ; il appartenait à l’État-major de l’armée canadienne (Service de renseignements) ; il avait été chargé par lui d’une synthèse approfondie de l’armée allemande avant le jour du débarquement. Il ne cessa pas de l’étudier pendant tout le cours des opérations en France, en Belgique, en Hollande et en Allemagne. Il fut, après la débâcle, désigné pour interroger un grand nombre de généraux battus qui avaient exercé des commandements importants. Aussi trouve-t-on dans ce livre la réponse à des questions véritablement passionnantes : Pourquoi les Allemands ont-ils permis à l’armée britannique de se sauver de Dunkerque ? Pourquoi n’ont-ils pas essayé de s’emparer de Malte, véritable clé de la Méditerranée ? Pourquoi les armées du Führer n’ont-elles jamais pu effectuer de retraite stratégique ?
La réponse, déjà donnée par d’autres, est simple et toujours la même : c’est à Adolph Hitler lui-même que les Alliés doivent une gratitude bien vive pour le mal irréparable que son « intuition » et son obstination incurables ont fait aux forces qu’il avait la folle prétention de diriger.