Mes souvenirs de la Guerre. T. I et T. II
Le général Pershing évoque ses souvenirs de guerre dans deux importants volumes qui constituent une riche documentation. On ne peut pas considérer en effet cet ouvrage comme un journal tenu au jour le jour, bien que les notes prises au cours des événements, par le général Pershing, en forment la trame. Mais celle-ci a été brodée de longues considérations d’ordre politique, militaire et même philosophique qui paraissent avoir été soit le fruit des réflexions du général après la guerre, soit la justification des décisions qu’il dut prendre au cours des événements. Les nombreux documents originaux, ordres, rapports, lettres qui accompagnent et complètent le texte, lui donnent une valeur historique particulière.
Deux idées maîtresses dominent l’ouvrage du général Pershing : une recherche sincère de la vérité, un amour poussé à l’extrême pour sa patrie et pour la tâche prédominante qui lui est réservée. On ne saurait, sans doute, critiquer ses idées très généreuses, mais elles expliquent les difficultés que Pershing a rencontrées dans ses rapports avec les Alliés et les critiques souvent sévères qu’il porte sur leurs méthodes et sur leurs doctrines de guerre.
La tâche confiée à Pershing fut immense. Il dut en deux ans porter les effectifs du Corps expéditionnaire américain d’une modeste division de moins de 30 000 hommes à une armée de plus de 3 millions d’hommes. La réalisation de cette tâche exigea un effort qui n’avait jamais été déployé dans le passé, même sous une forme plus modeste. Il portait sur des domaines souvent nouveaux : organisation, encadrement, habillement, ravitaillement, armement, transports, instruction, doctrine militaire, rapports politiques.
Les quelques incompréhensions réciproques dont il ne faut pas exagérer l’importance se sont vite effacées devant le désir commun d’associer tous les efforts dans un seul but : « la victoire ».
On peut reprocher au général Pershing de s’être parfois laissé entraîner à une abondance de détails qui nuisent à la clarté de son exposé. Mais sous ces quelques réserves, la valeur de cet ouvrage, aussi remarquable par les enseignements qu’il comporte que par la richesse de sa documentation, devrait lui assurer une place de choix dans nos bibliothèques civiles, aussi bien que militaires.