L'utilisation de l'espace confère prestige et puissance. Mais la situation en matière de technologie spatiale évolue rapidement : les techniques concernées se banalisent au risque de favoriser la prolifération nucléaire, tant la distinction entre lanceur de satellite et missile capable de porter une charge militaire est difficile à faire. Après avoir dressé un tableau des applications spatiales civiles et militaires et évalué les capacités de certains pays en voie de développement d'accéder à leur maîtrise, l'auteur évoque les problèmes que pose, au plan international, le marché des technologies dites sensibles et la façon dont la France, pour sa part, s'efforce de les résoudre.
Les enjeux économiques de l'Espace et les risques de prolifération
Il y a un peu plus de 20 ans, le 4 octobre 1957, le premier satellite artificiel, Spoutnik, était mis sur orbite par l’U.R.S.S. Ce succès technique eut un retentissement considérable et la réaction des États-Unis fut largement à la mesure de leur inquiétude devant le « missile gap » qu’ils ressentirent alors. Quatre mois plus tard, le 31 janvier 1958, ils lançaient leur premier satellite, Explorer I. Le coup d’envoi du programme Apollo, qui devait en neuf ans permettre à l’homme de marcher sur la lune, était donné le 29 juillet 1960. Pour la première fois aussi de leur histoire, les États-Unis devaient reconnaître que leurs centres vitaux se trouvaient sous la menace directe du feu adverse. La course aux armements s’intensifia donc et annexa un nouveau domaine, l’espace. Le traité sur l’utilisation de l’espace extraatmosphérique, signé en 1967, n’a fait qu’y fixer des limites à vrai dire assez peu contraignantes ; l’interdiction de satelliser « des armes nucléaires ou toute autre sorte d’armes de destruction massive » en est le point essentiel.
Le surcroît de prestige et de puissance apporté par l’espace est si formidable que l’exemple des deux Grands ne pouvait manquer d’être suivi. Successivement, la France (1965), la Chine (1970), le Japon (1970) et la Grande-Bretagne (1971) lançaient un satellite par leurs propres moyens. Parallèlement, l’URSS et les États-Unis proposaient leurs services aux pays qui désiraient mettre sur orbite des satellites expérimentaux sans disposer des lanceurs nécessaires (RFA, Italie, Inde…).
Aujourd’hui, l’utilisation de l’espace est entrée dans les mœurs. Plus personne ne s’étonne de recevoir du bout du monde des images de télévision transmises par satellites par exemple. Les applications militaires sont moins connues du public mais des événements comme la guerre du Kippour ou l’affaire des préparatifs d’essai nucléaire dans le Kalahari lui rappellent sporadiquement l’importance des satellites de télédétection. En fait, les trois-quarts des satellites sont à but militaire.
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