L’Arme aéroportée, clé de la Victoire. T. I et T. II
L’auteur a le grand mérite de nous situer le problème aéroporté. Il a examiné tous les combats auxquels ont participé les parachutistes et étudié toutes les expériences faites dans le monde jusqu’en 1945. L’abondance des témoignages et des renseignements que ce livre rapporte en fait une œuvre solide, fruit d’un travail considérable.
Le premier chapitre est une leçon d’humilité pour les Modernes. Rien de nouveau sous le soleil. Si nous en croyons le commandant Rocolle, le parachute, ce véhicule si nouveau, était expérimenté dès 1062 par un bénédictin anglais. Dès 1918 aussi le général Mitchell, commandant l’aviation américaine en France, voulait faire sauter de l’autre côté des barbelés une division de parachutistes. L’auteur fait ensuite l’historique de nombreuses missions spéciales et d’action de commandos de l’air combattant avec les maquis. Le premier tome se termine par l’organisation des grandes unités aéroportées par les Nations belligérantes.
Dans le second tome, l’auteur retrace d’une façon très vivante les opérations des parachutistes américains en Tunisie, celles des aéroportés allemands en juin 1940 et en mai 1941. Il nous transporte à Leyte dans le Pacifique, nous ramène au débarquement de Sicile et nous raconte ensuite les largages du 6 juin 1944 en Normandie. La lecture du chapitre « Ruptures stratégiques ou tactiques » nous fait partager les difficultés et les angoisses des unités aéroportées qui ont sauté à Nimègue et Arnhem et de celles qui ont atterri en Provence et de l’autre côté du Rhin.
Après avoir fait le récit des opérations des parachutistes français en Indochine, le commandant Rocolle cherche à mettre au point une doctrine d’emploi. Il nous propose un type de grande unité aéroportée qui serait un compromis entre les grandes unités terrestres rapides et l’ancienne division aéroportée à peu près immobilisée après son largage. Rien ne pouvait mieux que ce livre appeler l’attention de tous sur la guerre future. Loin d’être un jeu de l’esprit ou une spéculation purement intellectuelle, il nous plonge dans le réel et les conclusions qui en découlent ont un caractère pragmatique. Ce n’est point son moindre mérite. Le commandant Rocolle a su faire vivre cette guerre de parachutistes qui est une suite d’actions brutales avec des morts et du sang. À l’aide de croquis très clairs le lecteur en suit les péripéties qui stimulent son intérêt tout au long des chapitres. Cet ouvrage sera très utile à beaucoup : il donnera des idées exactes sur le combat ; il amènera à peser davantage le coût et le rendement des opérations. Sa lecture est indispensable aux spécialistes et aux cadres qui veulent connaître des formes de guerre qui deviendraient normales si un nouveau conflit venait à éclater.