L'auteur est particulièrement qualifié pour poser la question de savoir si cette doctrine est encore valable. Dans cette conférence faite à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), la manière dont il distingue les deux formes actuelles de la dissuasion et ce qu’il appelle les deux tentations qui pèsent sur nos esprits ont paru de nature à considérablement clarifier les idées de ceux qui pénètrent dans les arcanes du raisonnement dissuasif et dans son application au problème stratégique français.
Quelques problèmes actuels de la stratégie nucléaire française
La littérature consacrée à la stratégie de dissuasion nucléaire française – dite du faible au fort – est abondante. Aux textes officiels (Livre blanc, déclarations des hautes autorités politiques et militaires, exposés des motifs des lois de programmes, etc.) qui rappellent ses justifications politiques, économiques et techniques, s’ajoutent les nombreux ouvrages, articles et conférences qui décrivent cette stratégie et qui précisent son champ d’application ou ses conditions de validité, de crédibilité.
Partant de cette information de base, je souhaite mettre en évidence quelques-unes des difficultés qu’une puissance moyenne comme la France rencontre, dans la pratique, pour maîtriser la stratégie de l’âge nucléaire. Ces difficultés ont favorisé les controverses auxquelles a prêté et prête encore notre doctrine stratégique. La critique est allée jusqu’à dénier toute valeur, toute efficacité à notre stratégie militaire, bien que ses difficultés d’application soient normales et imputables à la situation géopolitique et géostratégique de la France dans le système international.
Au demeurant, il est dans la nature des décisions stratégiques, aussi calculées, aussi rationnelles qu’elles se veuillent, de devoir compter avec de nombreuses et irréductibles incertitudes, et de ne pouvoir promettre une probabilité de succès de 100 % dans toutes les situations conflictuelles imaginables…
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