Histoire de l’Atlantique
L’ouvrage de M. Godechot est aussi intéressant que solidement documenté. Il est aussi profondément instructif par tous les enseignements qu’il comporte. M. Godechot a eu, en effet, le mérite d’exposer non seulement les luttes que depuis Christophe Colomb se sont livrées tour à tour, l’Espagne, le Portugal, la Hollande, l’Angleterre et la France pour s’assurer la maîtrise des grandes routes atlantiques, mais encore celui de dégager les causes profondes de ces luttes et leurs conséquences.
L’auteur a su mettre en lumière l’importance que présentait, pour les États européens l’acquisition d’un domaine colonial qui pouvait à la fois leur assurer les matières premières dont ils avaient besoin, et garantir des débouchés nouveaux à leur production nationale ; il a montré la nécessité qui, de ce fait, s’imposait à eux de posséder la maîtrise ou, tout au moins, l’indépendance des routes atlantiques. Les faits justifient toutes les conséquences heureuses qu’aurait pu avoir pour la France, la grande politique de Richelieu et de Colbert, si elle avait été suivie par leurs successeurs.
L’auteur fait, enfin, ressortir la nécessité pour les États de disposer de flottes en rapport, par leur puissance, avec leur politique commerciale et coloniale, de savoir adapter ces flottes au progrès, et de proportionner les buts stratégiques qui leur sont demandés aux moyens dont elles disposent.
Aussi, à chaque page l’enseignement philosophique se dégage des faits. Après avoir su conduire son lecteur avec un égal intérêt à travers tant d’événements divers, d’orages, de déceptions et d’espoirs, de désastres et de victoires, M. Godechot ne l’abandonne qu’en lui laissant l’espoir que cet Atlantique, qui fut pour les États pendant tant de siècles, une cause de rivalités et de guerre, deviendra pour eux, dans l’avenir, un gage d’Union et de Paix. Remarquablement illustré, cet ouvrage est à lire et à méditer.