The Gathering Storm
L’ouvrage paru sous ce titre est le premier volume des mémoires consacrés par Winston Churchill à la Seconde Guerre mondiale. Ceux-ci comprendront, paraît-il, cinq tomes.
Le premier ne compte pas moins, dans sa version anglaise, de 667 pages, sans les appendices, et, pourtant, il ne traite que des huit premiers mois de la « guerre crépusculaire », pour parler comme Neville Chamberlain. Ces vues sont précédées d’une vue sommaire et, d’ailleurs, magistrale de la période qui s’étend entre les deux guerres. Dans sa préface, l’auteur déclare qu’il considère son œuvre nouvelle comme une continuation pure et simple de son histoire de la Première Guerre mondiale ; tous ces livres constitueront l’histoire d’une autre guerre de trente ans.
Une bonne partie de ce volume a paru en articles et en traduction – chez Plon – aussi bien à l’étranger qu’en France. D’autre part, Winston Churchill lui-même ne dissimule pas qu’il ne s’agit pas là d’une histoire définitive de la guerre, mais d’une contribution subjective. C’est, du reste, en cela que consiste la plus grande partie de son intérêt car, en même temps qu’il fournit à notre curiosité un grand nombre de documents, restés jusqu’ici inédits, et détenus par l’ancien Premier ministre, le livre nous révère une fois de plus sa puissante personnalité.
Le premier tome contient, comme on le sait déjà, et comme on pouvait s’y attendre, une sévère critique de la politique pratiquée entre les deux guerres. S’il n’épargne pas ses prédécesseurs, il fait cependant une différence énorme entre Chamberlain et Baldwin pour lesquels il ne manifeste, d’ailleurs, aucune indulgence. Il reproche à ses compatriotes d’avoir voulu la paix avant tout. Il critique les petits « architectes » de la paix de 1919.
Enfin, il donne sur ses rapports avec Roosevelt des détails d’une humanité émouvante. Parmi les très nombreux passages qui sont déjà connus du public français mais qui prennent tout leur intérêt quand ils sont replacés dans leur cadre général, signalons, par exemple, l’histoire de l’expédition de Narvik que, seul, l’auteur était à même de narrer dans tous ses détails et, aussi, les scènes dramatiques qui se déroulèrent à Downing Street au moment de l’invasion foudroyante de la Hollande par les Allemands.
Quand cette œuvre sera terminée, – il paraît que son auteur travaille avec ardeur à la rédaction de son troisième tome – elle sera véritablement le grand livre qu’aura mérité la grande guerre.