Officiers contre Hitler
Peu à peu, certains mystères du régime hitlérien arrivent à la lumière. Les victimes qui n’ont pas succombé peuvent parler aujourd’hui. Fabian von Schlabrendorff est de ceux qui ont échappé à la mort. Avocat de sa profession, il fut officier pendant la guerre de 1939-1945 ; opposé au nazisme, il ne cessa de prendre part aux complots qui se tramaient dans l’armée contre Hitler. Car il y eut antagonisme entre l’armée et le Führer. Elle dut s’incliner, et les premiers succès de Hitler semblèrent prouver qu’il était comme stratège supérieur à ses généraux ; c’est lui qui choisit le moment d’attaquer la Pologne et qui dicta l’attaque centrale contre les lignes françaises au lieu de la marche d’enveloppement. Mais quelques chefs d’armée ne se laissaient pas aveugler par les premières victoires de 1939 et 1940 ; ils redoutaient l’écrasement final et le virent venir après l’arrêt des troupes allemandes devant Leningrad et Moscou.
C’est alors que des complots s’organisent. Ils échouent par manque d’audace et par l’effet de hasards qui semblent protéger Hitler. Certains généraux hésitaient, d’ailleurs, à faire disparaître le Führer au moment où l’effondrement de l’Allemagne se préparait. Leur action pouvait paraître un coup de poignard dans le dos du dictateur encore vénéré par la foule ; eux-mêmes passeraient pour les auteurs de la défaite ; ne valait-il pas mieux laisser à Hitler la responsabilité du désastre ? Tous ces sentiments apparaissent dans le récit de Schlabrendorff ; même s’il a besoin d’être contrôlé, il est très révélateur de la mentalité des officiers allemands pendant la dernière guerre.