Sourdis, archevêque et amiral
Notre confrère et collaborateur René La Bruyère poursuit la série de ses études consacrées à la marine du temps de Richelieu. Il souligne l’importance de la pensée maritime dans le système politique de ce grand homme. C’est, en effet, au cardinal que le Roi dut la première grande marine capable de soutenir la politique étrangère. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire son « testament politique ». Le cardinal n’est pas seulement un profond connaisseur des choses de la mer ; il ne consacre pas seulement ses efforts à la reconstitution matérielle de la flotte ; mais il élabore une doctrine nouvelle du combat en haute mer : l’emploi de l’artillerie, du brûlot, de l’abordage.
Après nous avoir donné de Maillé Brézé un portrait extrêmement pittoresque, René La Bruyère porte, cette fois, son attention sur le second des deux grands amiraux de cette époque et consacre une belle étude, nourrie et élégante, à Sourdis, archevêque et amiral, une des plus curieuses figures de toute notre histoire navale. Il a eu, pour se documenter, une source extrêmement précieuse : la correspondance intégrale de ce grand soldat. Avec un sens critique, digne des meilleures méthodes d’archivistes et d’historiens, René La Bruyère a dépouillé patiemment ces précieux documents ; son livre n’est pas seulement remarquable par le sens psychologique qui l’anime, il se lit également comme un récit vivant et arrimé. Nous y assistons aux très belles victoires de Lérins, Leucate et surtout Guétaria, où Sourdis embrasa la flotte espagnole. À cette époque, plus que par la suite au cours de notre histoire, la roche tarpéienne n’était pas loin du Capitole. Après avoir été gâté, adulé par le cardinal, Sourdis, qui avait déserté le champ de bataille de Tarragone, fut expédié par lui, non pas à Limoges, mais à Carpentras dans une mauvaise bicoque de montagne. On ne plaisantait pas, alors, avec la défaite.