Berlin, ambassade d’Italie
Le livre de Leonardo Simoni apporte une importante contribution à l’histoire de la dernière guerre. Ce jeune diplomate italien fut, en effet, nommé en octobre 1939 à l’Ambassade de son pays à Berlin et il y resta en fonctions sans interruption jusqu’en septembre 1943. C’était, on le voit, un magnifique poste d’observation et il l’occupa pendant des années véritablement privilégiées.
Son journal, tenu minutieusement pendant tous les importants événements, nous confirme ce que nous savions déjà par d’autres observateurs, souvent moins pénétrants, sur la psychologie des chefs de la coalition germano-italienne. Leonardo Simoni les a vus de très près agir, penser, discourir. Il a pu faire, à titre officiel, des séjours au quartier général de Hitler sur le front de l’Est et en diverses villes d’Allemagne. Ce diplomate est le type de l’italien possédé par une véritable haine du Germain, mais elle n’obscurcit pas son regard toujours lucide et pénétrant.
Il trace à maintes reprises un portrait étonnant de vie et de sympathie d’Attolico, ambassadeur d’Italie à Berlin, puis donne de son successeur, Alfieri, une image non moins véridique, mais beaucoup moins indulgente. Nous voyons à travers ce récit passer les grands protagonistes du drame : Ribbentrop, Ciano, Keitel, le général d’aviation Udet, Gœring et Hitler lui-même ; il dépeint de main de maître certaines entrevues historiques telles que la visite que, chargé de mission par le maréchal Badoglio, il a rendue à Hitler après le départ de Mussolini (29-30 juillet 1943.)
L’impression générale qui se dégage de ces pages, si denses et pittoresques, est la même que nous avons déjà acquise à la lecture des livres de Ciano. L’Italie n’a jamais été pour l’Allemagne qu’une partenaire inférieure ; elle a toujours été traitée comme telle en parente pauvre, malgré toutes les rodomontades de Mussolini, aveuglé par la passion et l’ambition.