La Nation sous l’Empereur
Avec une puissance de travail à laquelle on ne peut que rendre hommage, M. Louis Madelin, de l’Académie Française, poursuit son Histoire du Consulat et de l’Empire et nous donne, cette fois, dans le tome XI, un tableau de la Nation elle-même sous l’Empereur.
La méthode est la même que dans le tome précédent, c’est-à-dire que l’auteur ne prétend pas innover, mais, avec une conscience d’excellent professeur, il tire partie de toutes les monographies et études particulières des nombreux historiens napoléoniens qui l’ont précédé. De cette enquête, d’une plénitude exceptionnelle, qui n’exclut, d’ailleurs, ni le pittoresque, ni l’humour, ressort l’idée d’une société française en pleine renaissance, sous l’impulsion d’un maître qui l’avait reprise en main. Partout, tout au moins au début, nous assistons à un essor merveilleux : stabilisation de la monnaie, remise en marche de l’industrie, réorganisation de l’administration et de l’université, progrès des sciences et de la médecine, remise en honneur des grands principes moraux, religieux et législatifs. Le chapitre relatif à l’armée est un de ceux qui, comme il est naturel, appellera plus particulièrement l’attention de nos lecteurs.
M. Louis Madelin trace un tableau d’une rare finesse psychologique, du Haut commandement impérial composé, au début, en majeure partie, d’hommes jeunes, entraîneurs, qui, peu à peu, s’ankylosent dans les honneurs et la gloire. Les soldats sont aussi l’objet d’une étude minutieuse et méritent toute notre sympathie. Tout n’était d’ailleurs pas parfait, il s’en faut, dans cette armée impériale, notamment l’organisation de l’intendance, et cela n’échappe pas à la scrupuleuse impartialité du grand historien de l’Empire.