Les finances de 1939 à 1945. T. I : La France
Reprenant la formule de travaux faits après l’autre guerre, sous les auspices de la Dotation Carnegie, notre collaborateur le professeur Henry Laufenburger publie le premier volume d’une collection consacrée à l’Histoire des finances de la Seconde Guerre mondiale. Il remarque qu’en l’état actuel des choses un tel bilan est seulement provisoire, et cela lui donne l’occasion de déplorer, une fois de plus, le retard considérable apporté en France à l’arrêté du Compte général de l’Administration.
Après avoir posé, dans l’introduction, les grandes lignes d’une comparaison entre le financement par la France des deux guerres mondiales et marqué les différences qui se sont manifestées dans les conditions économiques et la conception de ce financement, Henry Laufenburger examine en trois parties, brèves, mais riches de substance, les dépenses, les ressources extraordinaires, c’est-à-dire l’emprunt.
L’importance des dépenses totales assumées par l’État entre le 1er septembre 1939 et la fin de 1944 (plus de 2 000 milliards) ainsi que la proportion élevée de ces dépenses couvertes par l’emprunt (surtout à court terme) et par l’inflation pure et simple, expliquent la précarité de la situation monétaire de la France à la Libération, situation d’où nous n’étions pas encore sortis à la fin de 1947, malgré la tentative de ponction monétaire de juin 1945 et un accroissement relativement rapide de la production, le climat inflationniste étant entretenu par l’« injection dans l’économie d’un pouvoir d’achat croissant en raison des déficits budgétaires persistants ». En terminant, le professeur Laufenburger remarque que ces déficits sont un obstacle au financement de la reconstruction et constate qu’ainsi « la guerre projette son ombre sur les premières années de la paix. »