Traité d’Économie et de Législation financière. T. II : Dette publique et richesse privée
La 3e édition du Précis d’Économie et de Législation financières, transformé en Traité (tome II) a permis au professeur Laufenburger de faire plus qu’une simple mise à jour. Si le retour de la France à la liberté de penser a permis à l’auteur, comme il le dit lui-même, de mettre l’accent sur les aspects politiques du crédit public, l’évolution des faits et des idées a entraîné un changement profond de la structure du livre. La partie consacrée à la technique du crédit public a été enrichie de développements sur la vie de la dette publique et son accroissement en liaison avec la dépréciation monétaire (la dette publique en 1947 est, en valeur réelle, un peu inférieure à celle de 1913).
Les répercussions de la dette publique sur la circulation sont étudiées dans le cadre des systèmes monétaire et bancaire ainsi que du change. Henry Laufenburger insiste, à cet égard, sur l’incidence des règlements internationaux de type anormal que les deux guerres ont imposés. Il révèle que ces règlements, même s’ils s’effectuent en nature, ont sur le change une action indirecte mais en tout point comparable à ceux des règlements financiers, ainsi que l’avait déjà signalé le Comité Dawes après l’autre guerre. L’étude des conséquences de la dette sur la répartition du revenu national nous montre la source des emprunts publics (qui est constituée par le revenu et non par le capital ainsi qu’on l’a longtemps cru) et la redistribution des fonds empruntés, par leur utilisation au profit de la collectivité, ainsi que par l’amortissement.
En conclusion, Henry Laufenburger expose que l’emprunt est de moins en moins distinct de l’impôt. Comme celui-ci, il est donc limité par la capacité contributive du pays, qui peut être accrue par l’association à l’émission d’autres collectivités que l’État, et surtout par l’inflation, celle-ci opérant un prélèvement occulte sur le pouvoir d’achat des titulaires de créances fixes et rendant « presque illimitée » la capacité d’emprunt des États modernes. Cependant, si l’inflation est la compagne normale de la guerre, la reconstruction ne peut être assurée sur des bases solides que par la « remise en place de l’épargne individuelle comme soutien du crédit de l’État et comme ligne de démarcation entre les secteurs privé et public ».