Le tournant de la guerre
Le titre même de l’ouvrage et le pseudonyme adopté par son auteur donnent au lecteur l’espoir que cette étude – traduite de l’anglais – lui permettra de dégager les principes stratégiques qui ont dominé la dernière guerre durant les années 1942-1943 : en réalité, si ces grands principes existent en germe dans les chapitres consacrés au récit des événements sur les différents fronts de Russie, de l’Afrique du Nord et du Pacifique, ils échappent souvent dans le détail tactique des opérations. Ce détail, toujours intéressant bien que parfois un peu confus, surtout en ce qui concerne les opérations de Russie et du Pacifique, gagnerait, d’ailleurs, en clarté s’il était allégé et si sa lecture était facilitée par des croquis schématiques.
Par contre, la lecture de cet ouvrage fait apparaître d’une manière tout à fait remarquable les facteurs psychologiques de la guerre : du côté allié, l’inébranlable résistance des Russes devant les pires épreuves physiques et morales, l’indomptable persévérance des Anglais dans leur volonté de vaincre, l’esprit d’initiative, l’enthousiasme et la loyale collaboration des Américains et, dominant chefs, soldats et peuples alliés, la magnifique figure de Churchill qui, poursuivant la route qu’il s’est tracée, sans se laisser troubler par les pires adversités, ou griser par les plus brillants succès ; du côté de l’Axe, la valeur du soldat, allemand et le savoir professionnel de ses chefs, la résistance et l’énergie des Japonais, la mollesse de l’Italien et, surtout, l’obstination irréfléchie d’Hitler et son incompréhension psychologique, celle du peuple allemand tout entier, qui seront les causes principales du désastre allemand. Les chapitres relatifs à la défense de Stalingrad et à la contre-attaque russe, à la bataille sur mer et dans les airs et à la conquête de Tunis sont particulièrement intéressants. En résumé, ouvrage très documenté et souvent d’un humour bien britannique qui mérite d’être goûté et médité.