Les opérations en Europe du Corps expéditionnaire allié
Sous ce titre sont réunis les textes, traduits en français, des rapports adressés aux chefs d’état-major alliés, sur la campagne victorieuse de 1944-1945 en Europe occidentale, par le général Eisenhower, commandant en chef du Corps expéditionnaire, le général Wilson, commandant le théâtre méditerranéen et le maréchal Montgomery, commandant le 21e groupe d’armées.
Le rapport du général Eisenhower présente un intérêt exceptionnel : c’est un ample et clair exposé des conditions dans lesquelles fut conçue, préparée et finalement exécutée la plus vaste et difficile entreprise de l’histoire militaire.
L’auteur retrace d’abord les grandes lignes du fameux plan Overlovd, élaboré avant sa prise de commandement, et précise les importantes modifications qu’il y apporta (extension du front d’attaque, renforcement de la première vague d’assaut, portée de trois à cinq divisions, report au 5 juin, – au lieu du 1er mai, – de la date du déclenchement de l’attaque). Il décrit les vastes préparatifs matériels de l’expédition et montre l’importance capitale du rôle dévolu à l’aviation, tant stratégique que tactique. Les opérations préparatoires aériennes commencèrent, en fait, dès l’été de 1943 et allèrent s’intensifiant continuellement, jusqu’au jour J.
Le rapport expose ensuite les phases principales des opérations en France : l’assaut des plages normandes, la réunion des têtes de pont, la prise de Cherbourg, l’âpre bataille pour Caen, la mémorable percée des Américains de Bradley à Avranches, la bataille décisive de « la poche Falaise-Argentan », la rapide progression vers la Seine, puis le ralentissement dû à l’extension des lignes de communication américaines et à la crise de ravitaillement qui en résulta, particulièrement en essence.
Le général Eisenhower décrit, enfin, les péripéties de la « bataille d’Allemagne » : les durs combats de l’automne 1944 aux abords de la frontière, la contre-offensive allemande des Ardennes dont il reconnaît qu’elle surprit le haut commandement allié, la reprise de la marche vers le Rhin, la conquête de la rive gauche, puis le franchissement du fleuve, l’encerclement de la Rhur et la ruée finale vers le cœur de l’Allemagne.
Concluant son rapport, le général Eisenhower souligne l’importance « des trois épisodes les plus décisifs » qui ont entraîné la victoire : le premier est la bataille des plages de Normandie où l’adversaire « complètement abusé par nos opérations de diversion, conserva à l’arrière, jusqu’à ce qu’il fût trop tard, les troupes du Pas-de-Calais qui, précipitées au-delà de la Seine dès le début de notre débarquement, auraient pu faire pencher la balance en sa faveur ». Le second fut la « bataille cruciale » de la poche de Falaise où l’ennemi « révéla sa tendance fatale à rester et combattre sur place… alors que tout conseillait un repli stratégique ». La troisième phase décisive de la campagne est présentée par les batailles livrées à l’ouest du Rhin, en février et mars 1945. Une fois encore, l’ennemi fit notre jeu par son obstination à livrer bataille là où il se trouvait. C’est là que les armées, destinées à l’ultime défense de l’Allemagne « furent fracassées avant d’avoir été récupérées. La puissante barrière du Rhin s’étendait pratiquement sans défense devant nous et, à partir de ce moment, il ne restait plus de force allemande susceptible d’arrêter notre marche. La guerre était gagnée avant que le Rhin ne fût franchi… »
Le rapport du général Maitland Wilson concerne uniquement l’opération de diversion dans le sud de la France, prévue à l’origine comme devant coïncider avec le débarquement en Normandie. Il montre les vicissitudes par lesquelles passa le plan de cette opération secondaire, par suite du manque de péniches de débarquement. Ou dut finalement la retarder jusqu’au 15 avril. Le rapport du maréchal Montgomery, malgré l’intérêt qu’il présente pour l’étude des opérations proprement britanniques, à l’aile du Nord du dispositif allié, ne fait que préciser certains points du rapport Eisenhower. ♦