Mars 1948 - n° 046

La guerre marque le heurt de deux volontés. L’une des deux doit céder, soit sous l’effet d’une force matérielle, soit sous la suggestion d’une volonté supérieure. La guerre psychologique vise à modifier, dans un sens déterminé, le comportement des individus — adversaires ou alliés — en agissant sur leur intelligence, leur esprit, leur conscience… sans qu’il soit directement fait appel à la violence matérielle. Il apparaît, dès l’abord, qu’elle représente la forme la plus perfide de la guerre puisqu’elle utilise tous les procédés susceptibles d’atteindre le cœur de l’homme, son intelligence et sa sensibilité. Elle est permanente, puisqu’aussi bien c’est à chaque minute de sa vie que l’homme peut être atteint dans ses pensées ou ses sentiments. Elle ne connaît donc ni trêve ni armistice. Le temps de paix se révèle même infiniment plus propice pour elle que le temps de guerre, grâce à la multiplicité des voies qui s’ouvrent alors à son action. Lire les premières lignes

  p. 291-300

Et maintenant, dix années de chaos !… Inévitable, mais nous en sortirons. » Ainsi me parlait un des meilleurs observateurs des choses de l’Inde — un journaliste indien — à New-Delhi, au soir de la journée du 3 juin. Ce jour-là, date historique pour les Indiens, avait été décidée par les leaders hindous et musulmans, en présence de Lord Mountbatten, la division du pays entre le Pakistan et l’Hindoustan (lequel devait finalement, prendre le nom de « l’Inde » tout court). Dix années de chaos ? À Londres, M. Churchill faisait écho à cette sombre prédiction. Mais M. Attlee et les travaillistes avaient, en faveur de leur décision de quitter l’Inde, un argument majeur, jamais publié, toujours sous-entendu pour qui savait comprendre : c’est que l’Angleterre n’avait pas le choix. Quitter les Indes, c’était pour elle une décision inéluctable, si du moins elle ne voulait pas être entraînée elle-même avec ses soldats, ses finances, son prestige, dans le chaos même qui se préparait. Lire les premières lignes

  p. 301-316

QU’UNE nouvelle invention apparaisse dans le domaine militaire, on se hâte de déclarer caduc ce qui existait, auparavant dans le même ordre d’idée. Or, aujourd’hui, nous assistons à une éclosion extraordinaire de découvertes et c’est à faire table rase de tout le passé que l’on est tenté de se laisser entraîner. La presse contribue quelque peu à développer celle tendance dans l’opinion publique. Lire les premières lignes

  p. 317-333
  p. 334-348
  p. 349-363
  p. 364-376

La Revue de Défense nationale, qui s’est imposé la liberté de discussion, a reçu d’un de ses lecteurs les intéressantes réflexions suivantes sur les articles de Camille Rougeron (Revue de Défense nationale de novembre et décembre 1947). Lire la suite

  p. 377-380

Chroniques

  p. 381-385
  p. 385-390
  p. 391-395
  p. 395-399
  p. 399-404

Dans l’ensemble, l’année 1947 s’est mal terminée. Sur le plan de la production, les grèves et les difficultés énergétiques n’ont pas permis, en général, d’atteindre les normes fixées par le plan Monnet. Sur le plan monétaire, la hausse considérable des prix a rendu indispensable la dévaluation du franc, qui est intervenue à la fin du mois de janvier 1948. Lire les premières lignes

  p. 404-408

Bibliographie

Aetius : La France devant Attila  ; Éditions La Couronne, 1947 ; 191 pages - Edmond Delage

Sous ce pseudonyme, qui paraît dissimuler un officier général de grande expérience, vient de paraître un petit livre riche de substance qui évoque l’ensemble du problème stratégique tel que pourraient le poser les possibilités d’un conflit, aussi lointain que possible, espérons-le du moins, entre le Monde soviétique et le Monde anglo-saxon. L’auteur part du principe que, pour une puissance continentale de l’envergure de la Russie, succédant à l’Allemagne vaincue, la position des côtes océanes françaises serait un enjeu de première importance. Par conséquent, la France, se trouvant sur le passage des courants d’invasions, issus de l’Europe centrale, devrait, en liaison aussi étroite que possible avec des alliés, être en mesure de barrer ce front continental. Lire la suite

  p. 409-409

Pierre Barjot : Le débarquement du 8 novembre 1942 en Afrique du Nord  ; Éditions J. de Gigord, 1947 ; 222 pages - Edmond Delage

Nombreux sont déjà les livres relatifs à la période qui précéda, en Algérie, le débarquement des forces alliées, mais la plupart, d’un intérêt évident, sont entachés de passions politiques. Ceci suffit à les écarter de notre rubrique bibliographique. Pour la première fois, au contraire, l’amiral Pierre Barjot a donné, sous un format réduit, mais avec une documentation qui, dès à présent, semble suffisamment sérieuse et abondante, un tableau d’ensemble de ces opérations, vu uniquement sous l’angle stratégique, ce qui est naturel de la part d’un écrivain militaire de cette valeur. Lire la suite

  p. 409-410

Contre-amiral Pierre Barjot, Maurice Baumont, Jean-Baptiste Duroselle et Jean Galbert : Le deuxième conflit mondial  ; Éditions GP, 1947 ; 612 pages - Edmond Delage

Dans un premier tome, les auteurs de Deuxième conflit mondial avaient exposé les faits sur les différents théâtres d’opérations, en ce conflit de six années qui coûta 30 millions de vies humaines. Dans ce second volume, les auteurs – contre-amiral Pierre Barjot, Maurice Baumont, Jean-Baptiste Duroselle, Jean Galbert, colonel Hautcœur, Frédéric Jenny, Henri Le Masson, Camille Rougeron – ont cherché à tirer la philosophie, les enseignements, les conséquences de cette formidable lutte. Lire la suite

  p. 410-411

Colonel Raphael de Bardies : La campagne 1939-1940  ; Éditions Arthème Fayard, 1947 ; 300 pages - A. J.

I.e colonel de Bardies nous présente, en 300 pages, une histoire de la campagne de 1939-1940, qui mérite d’être lue. Après un exposé très rapide des prodromes de la guerre, un examen sommaire de la situation des forces en présence en 1939, une présentation des hauts commandements français et alliés, l’auteur traite vivement la Campagne de Pologne et la Campagne de Norvège. Puis, après avoir brossé le tableau assez sombre de la mentalité des Armées et des arrières pendant la drôle de guerre, il revient plus longuement sur les conceptions tactiques et stratégiques des adversaires et sur leurs plans d’opérations. Il entre, enfin, dans le vif du sujet et expose, en détail, la campagne du 10 mai au 25 juin, sur le front du Nord-Est et sur celui des Alpes. Lire la suite

  p. 411-412

Louis Castex : L’homme qui donna des ailes au monde. Clément Ader  ; Éditions Plon, 1947 ; 119 pages - Edmond Delage

Dans une luxueuse présentation, Louis Castex, qui poursuit inlassablement son œuvre de vulgarisation en faveur des ailes, mondiales et françaises, évoque, cette fois, la glorieuse figure de Clément Ader, compatriote du premier magistrat de la République. Ce petit livre est une heureuse synthèse de technique, de pittoresque, déjà légendaire. Il nous familiarise avec une pensée géniale, en perpétuel jaillissement, que ce soit dans le domaine des chemins de fer, du téléphone, de l’avion : esprit véritablement encyclopédique, de la classe d’un Léonard de Vinci. Il fut toute sa vie « obsédé » par l’avion. Il donna à la France ses premiers appareils volants, qu’il avait longuement expérimentés – avant les Wright – à Armainvilliers et au camp de Salory. Il fut le précurseur, le véritable créateur de l’Armée de l’air française : son premier chef, le général Barès, fut un de ses disciples. Aucun livre ne mérite d’être plus médité que celui-ci par les lecteurs de cette revue. ♦

  p. 412-412

Jean Renou : Victoire sur mer  ; Éditions Mame, 1947 ; 183 pages - Edmond Delage

Peu d’ouvrages sont mieux faits que celui-ci pour donner à nos fils la sensation de l’héroïsme, mais aussi de la complexité scientifique de la guerre navale, telle que l’ont menée, dans le monde entier, les marins des Forces navales françaises libres. Grâce à lui, nous embarquons sur le Richelieu, dans le Pacifique ; nous assistons sur le Georges-Leygues, le 6 juin 1944, au débarquement de Normandie ; nous exécutons un raid nocturne contre Pola ; le légendaire commandant Lherminier débarque, de son sous-marin Casablanca, ses troupes dans Bastia délivré ; nous patrouillons, en Méditerranée, en Manche ; un commando d’audacieux parachutistes sème la terreur parmi les rebelles indochinois. Œuvre spontanée et documentée, alertement écrite et joliment illustrée. ♦

  p. 412-412

Jean-Marie Carré : Les écrivains français et le mirage allemand  ; Éditions Bovin et Cie, 1947 ; 217 pages - Edmond Delage

Jean-Marie Carré, germaniste d’origine, disciple de Ch. Andler et Baldensperger, auteur d’une remarquable thèse de littérature comparée sur Goethe en Angleterre, s’est, en un livre élégant, dense – et sage – penché sur le problème politique allemand. Avec une érudition profonde, en dépit de sa lucide concision, il a, sans passion mais sans illusion, étudié les interprétations successives que nos littérateurs ont donné de l’Allemagne, depuis environ cent-cinquante ans, pratiquement, depuis le grand livre de Mme de Staël, en 1813. Lire la suite

  p. 413-413

Général George Marshall : La victoire en Europe et dans le Pacifique  ; Éditions Berger-Levrault, 1947 ; 200 pages - R.

C’est le titre d’une remarquable traduction du dernier rapport biennal adressé par le général Marshall, chef d’État-major de l’Armée des États-Unis, à son gouvernement. Ce document, d’un intérêt capital pour l’étude de la dernière guerre mondiale, comprend une lettre préface et le texte du rapport divisé en trois parties : La Victoire en Europe, la Victoire sur le Japon, Considérations diverses. Dans sa préface, s’adressant visiblement au peuple des États-Unis, le général Marshall affirme les dangers que l’isolationnisme et l’impréparation militaire ont fait courir à la sécurité américaine. Lire la suite

  p. 413-415

Général Dwight D. Eisenhower, général Sir Henry Maitland Wilson et maréchal Bernal L. Montgomery : Les opérations en Europe du Corps expéditionnaire allié  ; Éditions Berger-Levrault, 1947 ; 363 pages - R.

Sous ce titre sont réunis les textes, traduits en français, des rapports adressés aux chefs d’état-major alliés, sur la campagne victorieuse de 1944-1945 en Europe occidentale, par le général Eisenhower, commandant en chef du Corps expéditionnaire, le général Wilson, commandant le théâtre méditerranéen et le maréchal Montgomery, commandant le 21e groupe d’armées. Lire la suite

  p. 415-416

Bernard Barbey : PC du général : journal du chef de l’état-major particulier du général Guisan, 1940-1945  ; Éditions de la Baconnière, 1948 ; 280 pages - Edmond Delage

C’est un livre séduisant, mais, aussi, important, que celui qu’a consacré M. Bernard Barbey, – le distingué conseiller et attaché de presse à la Légation de Suisse à Paris, pendant la guerre, lieutenant-colonel et collaborateur direct du généralissime Guisan – au rôle de l’armée suisse pendant, la guerre. Ce journal, écrit, d’une plume brillante, parfois même poétique, révèle une intelligence lucide, un vif esprit d’observation, un sens politique et stratégique, des dons réels d’évocation. Nous y vivons, heure par heure, pour ainsi dire, l’existence d’un état-major sur lequel pesaient de si lourdes responsabilités. Et, tout d’abord, celle de son chef. Lire la suite

  p. 416-417

Ce sont les carnets de route du général Thaon qui embrassent toute la carrière de ce colonial dans l’âme, qui a guerroyé en Indochine, au Dahomey, à Madagascar, au Maroc et finalement en France pendant la Grande Guerre. Lire la suite

  p. 417-417

Maurice Boucher : Le sentiment national en Allemagne  ; Éditions La Colombe, 1947 ; 256 pages - Edmond Delage

Le titre exact de cet intéressant ouvrage de l’érudit professeur à la Sorbonne serait Formation du sentiment national en Allemagne de 1750 à 1815. Nous voyons comment, chez les représentants les plus divers de l’Allemagne d’alors, le cosmopolitisme le plus large se transforme en nationalisme plus ou moins étroit. Lire la suite

  p. 417-418

Cette œuvre collective, d’une remarquable objectivité, est le fruit de la collaboration d’une centaine de savants et érudits polonais, spécialisés dans le domaine que chacun a été appelé à traiter. Elle a paru en trois volumes in-octavo, dans une composition élégante, sur beau papier, avec sous-titres marginaux. L’ouvrage est complété par un grand nombre de cartes, plans et diagrammes. Lire la suite

  p. 418-419

Harold Nicolson : Le Congrès de Vienne  ; Librairie Hachette, 1947 ; 301 pages - Edmond Delage

Il est sans doute imprudent, dans l’histoire, de procéder par analogies, d’identifier, par exemple, l’Angleterre de la dernière guerre à la vieille Autriche, ou les États-Unis à l’Angleterre. Il est cependant piquant, et bien intéressant de suivre, dans le beau livre d’Harold Nicolson qui, modestement, ne se réclame d’aucune recherche originale, mais qui brille par l’originalité de l’expression, par la liberté du jugement, et de puiser, dans le récit des négociations du Congrès de Vienne, matières à d’opportunes réflexions relatives aux actuelles sessions de l’ONU ou aux délibérations des Quatre Grands. Lire la suite

  p. 419-419

Revue Défense Nationale - Mars 1948 - n° 046

Revue Défense Nationale - Mars 1948 - n° 046

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Mars 1948 - n° 046

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Aucune contribution n'a encore été apportée.