L’Allemagne depuis la Révolution française, 1789-1945
On a dit plus d’une fois que, si l’Empire central d’Autriche-Hongrie n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. Le supprimer fut la plus grande erreur du Traité de Versailles, à l’avis de Jean de Pange ; c’est cette pensée qui anime son livre sur L’Allemagne depuis la Révolution française et qui en fait l’unité. Jean de Pange oppose le fédéralisme au principe des nationalités et fait, de la question danubienne, le problème capital de l’Europe. Il dit le charme et l’intérêt cosmopolite de la capitale autrichienne qui unissait le nord et le midi, l’est et l’ouest, l’élément germanique et slave. Ce centre européen que la Révolution française, Napoléon et le Traité de Versailles ont contribué à détruire, on aspire à le reconstituer aujourd’hui sans en trouver les moyens.
Que cette opinion soit partagée aujourd’hui par plus d’un diplomate et d’un historien, on ne saurait le contester. Elle est soutenue par M. de Range, avec une conviction qui donne à son livre beaucoup d’intérêt ; mais elle le conduit parfois à des jugements qui prêteraient à discussion ; on pourra, par exemple, le trouver bien élogieux pour François-Joseph et bien sévère pour Rénès.